Entrepreneuriat féminin : la France dans le top 5 …mais de gros progrès restent à faire !
Selon un tout nouvel index mesurant l’entrepreneuriat au féminin, la France s’en sort plutôt bien. Effet de loupe par rapport à d’autres pays ? Analyse des résultats.
La France dans le top 5 des pays favorisant l’entrepreneuriat féminin ? Pour bon nombre de créatrice d’entreprise, ce classement peut faire sourire tant elles sont encore peu nombreuses par rapport à leurs homologues masculins. Pourtant, l’Hexagone semble en effet avoir mis en place un écosystème favorable à la création d’entreprise par les femmes. Mais sans doute celui-ci n’a pas encore totalement porté ses fruits…
Ce classement est issu d’un nouvel outil de mesure, l’index Gender-GDI* (Global Entrepreneurship and Development Index), publié par Dell. Cet index a pour vocation de fournir un outil de diagnostic qui permet aux pays d’aider les femmes entrepreneures à développer leurs projets. Il est composé de 30 indicateurs (droits juridiques, éducation, accès à la finance, par exemple) et établit le classement de 17 pays : Australie, Brésil, Chine, Égypte, France, Allemagne, Inde, Japon, Mexique, Maroc, Malaisie, Russie, Afrique du Sud, Turquie, Ouganda, Royaume-Uni et États-Unis.
Les Etats-Unis en tête
Sans surprise, ce sont les Etats-Unis qui arrivent en tête de ce classement, avec des scores élevés sur les indicateurs concernant les institutions et la solidité de l’environnement entrepreneurial. Sur les autres marches du podium, on trouve l’Australie (n°2) et l’Allemagne (n°3). La France arrive en quatrième position, devant le Mexique. (n°5)
Classement GENDER-GEDI :
1. États-Unis
2. Australie
3. Allemagne
4. France
5. Mexique
6. Royaume-Uni
7. Afrique du Sud
8. Chine
9. Malaisie
10. Russie
11. Turquie
12. Japon
13. Maroc
14. Brésil
15. Égypte
16. Inde
17. Ouganda
Au-delà de ce classement, l’index renseigne sur différentes caractéristiques de l’entrepreneuriat au féminin.
Premier enseignement : il n’y aurait pas de facteur déterminant unique du succès. En effet les pays les plus performants comme les États-Unis (n°1) ou la France (n°4) ont obtenu de bons résultats dans différentes catégories d’indicateurs. A contrario, les pays moins bien classés ont le plus souvent des résultats plus inégaux : ils peuvent par exemple, comme l’Inde, offrir de vraies opportunités pour les femmes créatrices, mais celles-ci aboutissent peu du fait de la lourdeur administrative ou de blocages institutionnels.
Deuxième enseignement de l’index : le développement économique n’est pas suffisant pour garantir un taux de création au féminin élevé. Le fait d’offrir une éducation de bon niveau, un cadre juridique juste, un bon accès au financement n’entraîne pas automatiquement un entreprenariat féminin de haut niveau. C’est par exemple le cas du Japon, qui affiche le plus faible pourcentage de femmes dirigeantes (9 %) ! La cause ? Des normes sociales et culturelles qui rendent cet environnement moins propice à l’évolution des femmes vers l’entrepreneuriat.
Troisième enseignement : Le manque de connaissances freine la croissance commerciale. Si de nombreuses femmes parviennent à créer leur entreprise dans des pays en cours de développement, la croissance de ces entreprises est ensuite lourdement freinée par un manque d’accès à une éducation de bon niveau et donc un manque de compétences nécessaires au développement d’une entreprise.
Sans surprise, l’accès au financement est crucial. Ainsi, dans les pays mal classé, le taux de femmes ayant un compte bancaire est souvent très faible : 7 % en Egypte, par exemple. Au-delà de cet exemple extrême, l’accès des femmes au financement semble un vrai point d’achoppement. Ainsi, même au Etats-Unis, seul 3 à 5 % du financement par capital risque est destiné à des entreprises dirigées par des femmes.
Globalement, si ces indicateurs montrent les blocages ou les pistes d’amélioration, cette étude illustre que dans bien des pays, les marges de progression sont encore énormes. En France et au Royaume-Uni, les taux de créations d’entreprises par des femmes comparés à ceux des entreprises créées par des hommes sont beaucoup plus bas (48/100 et 46/100 respectivement), comparé par exemple à l’Australie (85/100), ce qui montre qu’il reste un fossé de « potentiel d’entreprenariat sous-utilisé ».
Les États-Unis et le Royaume-Uni, quant à eux, sont à la traîne du côté des femmes qui obtiennent des diplômes scientifiques (41 % et 37 % respectivement). Or, c’est un point clé pour augmenter le nombre de femmes à la tête d’entreprises technologiques ou industrielles !
Valérie Talmon
SOURCE : Les Échos, 7 juin 2013