Un Liban qui n’a que faire des Libanaises…
Une étude souligne les conséquences négatives du printemps arabe sur les femmes. Droits de la femme arabe : le Liban fait pâle figure au classement Thomson Reuters
Harcèlement sexuel, excision et exacerbation de la violence après le printemps arabe ont fait de l’Égypte le pire pays du monde arabe en matière de droits de la femme, selon une étude de la Fondation Thomson Reuters.
Des lois discriminatoires et une augmentation du trafic des êtres humains ont aussi contribué à placer l’Égypte au bas de l’échelle, c’est-à-dire à la 22e place. Le Liban étant à la 16e place…
Malgré les espoirs suscités par le printemps arabe concernant une amélioration des conditions des femmes, celles-ci ont été les grandes perdantes des soulèvements populaires contre les dictatures, dans le cadre desquels elles avaient pourtant souvent joué un grand rôle. Ces soulèvements ont en effet souvent laissé la place à des conflits, à l’instabilité et à la montée de groupes islamistes, peut-on lire dans ce rapport établi à partir de sondages effectués auprès de 336 experts.
À partir de là, l’étude annuelle de la Fondation Thomson Reuters donne une image de la situation des femmes dans le monde arabe, trois ans après le début du printemps arabe et alors que le conflit syrien fait planer la menace de plus grandes déstabilisations encore dans la région.
« Nous avons délogé Moubarak du palais présidentiel, mais nous devons déloger le Moubarak qui vit dans nos esprits et dans nos chambres », affirme l’éditorialiste égyptienne Mona Eltahawy. « Comme l’ont montré les résultats du sondage, nous les femmes avons besoin d’une double révolution, une contre les dictateurs qui ont ruiné nos pays et l’autre contre le mélange toxique de culture et de religion qui ruine nos vies de femme », ajoute-t-elle.
Au bas de l’échelle figurent aussi l’Irak, suivi de l’Arabie saoudite, de la Syrie et du Yémen.
Le dossier libanais
Quant au Liban, il arrive à la 16e place. Le mauvais classement du pays du Cèdre est dû au fait que le viol conjugal n’y est pas reconnu et que prévalent des « lois discriminatoires ». L’étude souligne l’absence de loi sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, ainsi que l’impossibilité pour les femmes de transmettre leur nationalité à leurs enfants ou à leur mari. Par ailleurs, une femme sur six serait illettrée au pays du Cèdre.
Au niveau politique, ce n’est qu’en 2004 qu’une femme a été nommée pour la première fois ministre. Depuis, trois femmes ont pris en charge des portefeuilles ministériels. Aujourd’hui, le cabinet ne compte aucune femme, et le Parlement seulement quatre députées.
En outre, les femmes qui ont recours à l’avortement risquent jusqu’à sept ans de prison, l’avortement n’étant toléré que si la vie de la mère est en danger.
Au niveau économique, 54 % des Libanaises ayant une entreprise la dirigent effectivement, contre 90 % des hommes.
En juillet dernier, les commissions parlementaires mixtes ont adopté un projet de loi, toujours pas soumis au Parlement, défendu par les militantes féministes et protégeant la femme de la violence domestique.
Dans ce cadre, l’article 3 relatif au viol conjugal a toutefois été amendé de manière à sanctionner tout homme « qui frappe, nuit ou menace son épouse pour obtenir ses droits conjugaux ». Pas suffisant pour les militantes qui ont rappelé que ces actes sont déjà sanctionnés par le code pénal, « alors que ce qui est requis, c’est de sanctionner le viol conjugal ».
Les îles Comores, où les femmes détiennent 20 % des portefeuilles ministériels et où la propriété de la maison conjugale ou d’un terrain leur revient généralement après un divorce, arrivent en tête du classement, suivies de Oman, du Koweït, de la Jordanie et du Qatar.
La Somalie est également juste devant le Liban, ce qui interpelle quelque peu quant à la méthodologie utilisée pour établir le classement.
Thomson Reuters explique que pour établir ce classement, 336 experts (travailleurs humanitaires, organisations spécialisées dans le développement humain, professionnels des médias, scientifiques,
personnels dans le secteur de la santé, organisations s’occupant de réfugiés, activistes, juristes) sur les questions de genre ont été soumis à un sondage d’opinion. Ce sondage visait à évaluer dans quelle mesure les États arabes adhèrent à la Convention de l’ONU sur l’élimination de toute forme de discrimination contre les femmes (Cedaw), signée par 19 d’entre eux.
Les questions portaient sur six dossiers : les femmes en politique (représentation et opportunités), les femmes dans la société, les femmes dans l’économie, les femmes et la famille, la violence envers les femmes et les droits de transmission.
36 questions, ouvertes ou à choix multiples, étaient posées qui visaient à évaluer l’opinion des experts sur ces différents dossiers. Les réponses ont été converties en points dont la moyenne a permis de classer les États.
L’étude a été menée entre août et septembre derniers dans 21 pays membres de la Ligue arabe ainsi qu’en Syrie, suspendue de l’organisation panarabe en 2011.
SOURCE : L’Orient le jour
L’Égypte, pire pays arabe pour les femmes
L’étude de la Thomson Reuters Foundation sur « les droits des femmes dans le monde arabe » souligne que les révolutions de 2011, comme l’invasion de l’Irak en 2003, ont surtout porté préjudice aux femmes.
La prévalence du harcèlement et des violences sexuelles, un taux élevé de mutilations génitales et en général un « recul des libertés » depuis la révolution de 2011 valent à l’Égypte la dernière place parmi les pays arabes en matière de droits des femmes, selon une étude publiée mardi 12 novembre par la Thomson Reuters Foundation..
Pour cette étude, 336 expert-e-s ont donné leur avis sur la situation des droits des femmes dans 22 pays du monde arabe, en prenant en compte les différents critères de la CEDAW (Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes), tels que la représentation politique, économique, les violences de genre, les droits familiaux et les droits reproductifs.
Voir la page spéciale de la Thomson Reuters Foundation sur « les droits des femmes dans le monde arabe » (analyses et carte interactive, en anglais).
Après l’Égypte, le pire pays arabe pour les femmes est l’Irak, qui a connu « une dramatique détérioration des conditions de vie des femmes depuis l’invasion [le terme est d’origine, NDLR] menée par les États-Unis en 2003 ». Elles sont « affectées de façon disproportionnée par la violence qui frappe quasiment tous les Irakiens », souligne la Fondation qui évoque notamment la hausse des violences domestiques, de la prostitution et le recul de l’alphabétisation.
L’Arabie Saoudite pointe à la 19ème place, derrière le Yémen et la Syrie.
En tête de liste, la Fondation place les Comores, où la représentation politique des femmes (elles n’occupent que 3% des sièges au Parlement) est le seul gros point noir.
En deuxième place, le sultanat d’Oman où les femmes « bénéficient d’une meilleure protection sociale que dans les autres pays arabes, mais où les mutilations génitales restent pratiquées dans certaines régions et où les femmes subissent des discriminations au travail et des pressions pour se conformer aux rôles traditionnels. »
A la troisième place figure le Koweit, suivi par la Jordanie, le Qatar, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc.
Structures patriarcales et montée des Islamistes
Globalement, la Fondation observe que trois des pays qui ont connu une révolution il y a trois ans – l’Égypte, le Yémen et la Syrie – figurent parmi les cinq pays les plus mal classés. Le constat n’est pas nouveau : « Les femmes ont joué un rôle central dans les ‘printemps arabes’, mais leurs espoirs d’obtenir davantage de liberté et de droits se sont brisés sur les structures patriarcales et la montée des Islamistes ».
Toutefois, selon certains militants, il y a des raisons d’espérer. Les révoltes du printemps arabes « ont incité beaucoup de femmes pauvres, ou à la marge, à prendre conscience de leurs droits ».
Et si en Syrie, ravagée par la guerre civile, les droits des femmes sont plus que jamais menacés, en Égypte les frères musulmans ont été évincés du pouvoir, et au Yémen les femmes continuent de se battre pour peser davantage et les voix conservatrices « s’affaiblissent de jour en jour », indique à Reuters Tawakel Karman, prix Nobel de la Paix en 2011.
SOURCE : www.lesnouvellesnews.fr