Milo l’incendiaire incendié
Des manifestations ont agité mercredi soir le campus de l’université de Berkeley, en Californie. Quelque 1500 personnes, en majorité des étudiants, on envahi les rues aux cris de «Faites-le taire!» et «Pas de place pour les racistes». Elles protestaient contre la présence de Milo Yiannopoulos, figure de proue du site d’extrême droite Breitbart, venu présenter son livre dans le cadre de son «Dangerous Faggot Tour» («Tournée de la dangereuse pédale»). Ouvertement gay, Yiannopoulos est aussi un des hérauts de l’extrême droite US. Le Britannique de 32 ans a fait de la lutte contre le «politiquement correct» son cheval de bataille. Dans ses vidéos et ses éditoriaux pour le site Breitbart, il étale ses provocations racistes et misogynes, qualifiant le féminisme de «cancer» et se moquant nommément des personnes transgenres, entre autres provocations.
Aux côtés des collectifs antiracistes et féministes, les militants LGBT étaient nombreux à manifester leur refus des idées professées par Yiannopoulos. Dans une tribune publiée il y a quelques jours, l’un d’eux proposait l’excommunication du troll autoproclamé: «Tu as passé assez de temps à utiliser ton orientation sexuelle pour déverser ta bile et galvaniser les foules. La communauté te rejette. Tu n’as jamais été un des nôtres.» D’autres ont défendu, au nom des libertés sur lesquelles les mouvements gay se sont construits, le droit de Yiannopoulos à s’exprimer sur le campus. «Les tentatives de faire annuler l’événement à la dernière minute ne feront qu’alimenter sa légende et promouvoir un peu plus son statut incendiaire», a écrit Andrew Bremer dans le «Daily Cal».
Se poser en victime
Mais mercredi soir, l’incendie est venu de l’autre côté des barrières de police. Une centaine de casseurs sont intervenus, lançant des cocktails molotov, brisant des vitres et vandalisant des commerces. La conférence de Yiannopoulos a été annulée pour des raisons de sécurité. Une victoire pour le troll de Breitbart, qui a eu tout loisir de se poser en victime. «La gauche est absolument terrifiée par la liberté d’expression, et fera littéralement n’importe quoi pour nous en priver», a-t-il commenté, assurant ses fans qu’il était «sain et sauf». Le lendemain, Donald Trump en personne (que Yiannopoulos appelle «Daddy») réagissait en menaçant l’université de Berkeley de lui couper les vivres: «Si l’UC Berkeley ne permet pas la liberté de parole et pratique la violence sur des personnes innocentes avec un point de vue différent – pas de financement fédéral?»