Des archéologues percent un mystère des Anasazis, cette ancienne dynastie à dominance féminine
Dans une étude publiée dans la revue Nature Communication, des archéologues suggèrent avoir compris qui gouvernait les Anasazis, cette ancienne civilisation considérée comme la plus influente dans le Sud-ouest américain il y a plus de 1200 ans.
Les Anasazis sont des Amérindiens du sud-ouest de l’Amérique du Nord qui étaient répartis en plusieurs groupes dans les États actuels du Colorado, de l’Utah, de l’Arizona et du Nouveau-Mexique. Une analyse récente de l’ADN de neuf personnes enterrées dans une crypte installée sur le site de Pueblo Bonito les identifie comme les dirigeants de cette puissante dynastie amérindienne qui se passaient le leadership de mère en fille.
Aujourd’hui, une analyse génétique des restes de neuf de ces personnes suggère que celles-ci appartenaient toutes à la même lignée maternelle. Une « matrilinéaire » qui régna pendant au moins 300 ans selon les chercheurs. « Il est clair que ces individus étaient vénérés, jouissant d’un traitement exceptionnel pour leur permettre de passer vers l’au-delà », explique Adam Watson, de l’American Museum of Natural History, qui a participé à l’étude. « La plupart des Chacoans étaient enterrés en dehors de la colonie et jamais avec une telle quantité de bijoux et produits exotiques ».
Les résultats des tests ont révélé que les neuf échantillons contenaient un ADN mitochondrial identique (le matériel génétique seulement transmis des mères à leurs enfants), ce qui signifie que ces personnes avaient toutes le même ancêtre maternel.
Depuis les premières excavations faites il y a plus d’un siècle les archéologues ont tenté de déterminer si cette civilisation avait une société égalitaire ou hiérarchique. Cette analyse nous donne enfin la réponse : c’était une hiérarchie dominée par les femmes. Les conclusions définitives sont rares en archéologie, en particulier en ce qui concerne les sociétés anciennes qui n’ont pas laissé d’indices écrits quant à leur structure sociale, mais les chercheurs se disent confiants.
« Il est possible que ce document puisse générer une certaine controverse au sein de la communauté scientifique, notamment par l’utilisation de données biologiques pour déterminer des structures sociologiques », conçoit Angelique Corthals, anthropologue judiciaire à l’Université de New York qui n’a pas participé à la recherche, « mais les auteurs ont construit leur cas de manière très convaincante, en utilisant les données archéologiques ET les données génomiques ».
Quant à la disparition brutale de cette civilisation, la question se pose encore. De nombreuses hypothèses ont été envisagées : guerre, disparition des ressources liée à la sécheresse… Mais ces hypothèses sont contredites par des observations. En effet, cette civilisation s’est « arrêtée » d’un seul coup et non progressivement. Les habitants ont brutalement tout laissé en plan en laissant même de la nourriture dans les assiettes.