La presse officielle chinoise est inquiète… Voici la traduction d’un article du site womenofchina.cn où il se confirme que dans les nouvelles familles bourgeoises des grandes villes chinoises tout n’est pas rose (Dans quelle université américaine inscrire notre enfant ?)… quelques petites infos à glaner au passage.
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Parents esclaves de leur enfant ?
Beaucoup de Chinois nés dans les années 1980, souvent surnommés la « génération post-80 », deviennent désormais parents eux-mêmes. Pour cette génération, la hausse du coût de la vie signifie que la parentalité est un combat, même avec l’enfant unique autorisé par la politique chinoise de planning familial. Confrontés aux coûts financiers et émotionnels de l’éducation d’un enfants, ces parents ont été appelés « esclaves des enfants ».
« 1.000 yuans (160,2 dollars) pour la crèche et 5.000 yuans (801 dollars) pour la maternelle », tel était le titre d’un post sur un site web populaire. L’auteur expliquait qu’il en coûte maintenant à une famille 450.000 yuans (72.090 dollars) pour élever un enfant jusqu’en sixième. « La totalité du revenu mensuel d’une famille peut être consacré à l’enfant ; chaque minute est utilisée pour gagner de l’argent pour votre enfant ; votre humeur est extrêmement sensible à votre enfant ; les amis, la carrière et le plaisir appartiennent tous à la vie « d ‘avant l’enfant » ; vous vendriez votre maison pour que votre enfant entre dans une meilleure école », est son terrible résumé de la parentalité chinoise.
Et cela, selon Sina.com, signifie qu’une génération d’ « esclaves des enfants » a été créée. Le terme se réfère aux parents nés dans les années 1980, qui ont eu toute leur vie subsumée par la parentalité.
Enfant: le seul centre de la vie
Depuis que le petit Tongtong est né, Li Li a fait pour son bébé tout ce qu’une mère aurait fait normalement. Cependant, étrangement, l’humeur de son bébé affecte la sienne. Même si elle sait que son instabilité émotionnelle affecte sa relation avec son mari, elle estime qu’il n’y a rien de mal à se dévouer corps et âme à son enfant.
Mais, il n’y a pas longtemps, alors que son mari et elle discutaient d’un cours parents-enfant, Tongtong, qui jouait à proximité, a tout à coup crié, « je veux pas y aller! ». Cela a effrayé Li qui est restée sans voix le reste de la journée.
Li a passé quelques nuits blanches en se demandant ce qui n’allait pas avec Tongtong. Sans surprise, les psychologues ont fait remarquer que sa fixation sur son enfant n’était pas saine, comme le montrait le fait que les changement d’humeur de l’enfant affectaient la sienne. Ils ont suggéré que Li reprenne son travail dès que Tongtong entrera à la maternelle, de sorte que sa vie ne soit pas uniquement centrée sur l’enfant.
Des sommes colossales
« Toi, petite chose, tu bois du lait en poudre importé qui coûte plus de 100 yuans (16.03 dollars) la boite. Et je dois payer les couches qui valent aussi plus de 100 yuans le sac si elles sont importées. Tu es une charge dans les deux sens du terme ! »
Ces propos, sont tirés de la série TV Dwelling Narrowness, auraient pu être tenus par des millions de jeunes parents chinois.
Un bulletin d’information de Xinhua News Agency affirme que donner naissance à un enfant coûte aujourd’hui de quatre mille yuans (641,2 dollars) à plus de 10.000 yuans (1.603 dollars), soit 100 fois plus qu’il y a 20 ans.
Même avant que les enfants n’aillent à l’école, les coûts grimpent. Les parents luttent pour payer lait en poudre, couches, nourriture, éducation préscolaire, jouets, vêtements, nurses, assurances, etc. Certains parents disent y consacrer plus de 10.000 yuans par mois (1.603 dollars).
Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg. Le coût le plus important est toujours celui de l’éducation. Dans les grandes villes, les enfants sont inscrits dans des écoles de leur quartier. Si vous voulez une meilleure école pour votre enfant, vous devez payer de nombreux frais chaque année. De plus, en Chine, les enfants des villes sont censés assister à toutes sortes de classes d’appoint, scolaires et parascolaires, ce qui s’ajoute au coût.
Une mère affirmait sur Internet avoir dépensé 200.000 yuans (32.060 dollars) pour inscrire son fils dans une école intermédiaire clé. « Les élèves de cette école peuvent intégrer une école supérieure affiliée sans passer l’examen d’entrée du secondaire. En fait, je pense que c’est une bonne affaire », a-t-elle dit.
Une autre mère a calculé qu’elle a dépensé pour son deuxième fils plus de 3.000 yuans (480,9 dollars) par mois pour des cours extra-scolaires de mathématiques, langues étrangères, écriture, natation, piano et peinture.
« Ces cours étaient de qualité ordinaire. Enseignés par des professeurs renommés, les frais pour des cours de ce types peuvent être doublés », dit-elle.
De loin, le coût éducatif le plus paralysant est l’université. Il en coûte généralement 100.000 yuans (16.020 dollars) à un élève pour terminer des études universitaires en Chine continentale. A Hongkong, cela reviendra à au moins 400.000 yuans (64,080 dollars), et aux États-Unis, la destination la plus populaire pour les étudiants chinois à l’étranger, il vous en coûtera de 150.000 à 600.000 yuans (24.030 à 96.120 dollars).
La charge financière de l’éducation des enfants place les parents au bord du gouffre. Un récent sondage sur 2 157 personnes montre que, pour 74,7 % des interrogés, les dépenses d’éducation ont été un lourd fardeau pour les familles ordinaires urbaines ou rurales. 36,2 % d’entre eux dépense de 10 à 30 % de leurs revenus pour l’éducation chaque année ; 29,5 % disent atteindre 30 à 50 % de leur revenus ; 12,8 % déclarent dépenser entre 50 et 80 % et 8,4 % d’entre eux plus de 80 % de leurs revenus.
Cependant, des personnes ont également souligné que beaucoup de ces « esclaves des enfants » dépensent plus d’argent pour atteindre un statut social plus élevé. Ils achètent des produits de marques célèbres pour tout. Leurs enfants doivent porter et manger le meilleur. Ils achètent du lait en poudre importé. Ils veulent les écoles les plus célèbres et envoient leurs enfants dans les cours préscolaires les plus chers.
Une phobie généralisée
Un journal local a récemment publié un article sur Chunxiao Li, une femme de 27 ans enceinte à qui on a diagnostiqué une dépression provoquée par la peur de devenir « esclave des enfants ». Après avoir surfé sur Internet, Li est devenue inquiète à l’idée de perdre son avenir en ayant un enfant.
« Je pensais que je pouvais avoir un bébé alors que j’étais encore jeune, que mes parents pourraient l’élever et que je pourrai retourner vivre la vie d’une jeune femme à nouveau », a-t-elle dit. « Mais maintenant, j’ai peur de devoir tout sacrifier pour mon enfant. »
Le désir de Li d’avoir un bébé à un jeune âge, ainsi que son inquiétude pour son indépendance et sa dépendance à l’égard de l’unité familiale traditionnelle n’est pas unique, et le débat sur le point d’équilibre s’est propagé sur Internet comme un rhume dans une école maternelle.
Une mini-enquête menée par un journaliste dans les rues de Harbin, capitale de la province du Heilongjiang, a révélé qu’environ 5 % de la cinquantaine des couples de jeunes mariés interrogés différent leur projet de bébé pour toutes sortes de raisons.
Parmis eux, Fu, professeure d’université, est mariée depuis quatre ans. Elle et son mari n’ont pas de projet de bébé alors qu’elle doit jongler entre un emploi et des études de troisième cycle. En fait, ils n’ont pas l’intention d’avoir un bébé, c’est tout.
« Un bébé consommera beaucoup de temps et d’énergie et il affectera notre travail et notre vie », dit-elle. Contrairement à de nombreux Chinois qui s’inquiètent de savoir si leurs enfants vont prendre soin d’eux dans leur vieillesse, Fu dit qu’elle a l’intention de vivre dans une maison de retraite quand elle sera vieille.
Une autre femme, Chen a dit qu’elle était terrifiée à l’idée d’avoir un bébé. « Mon mariage est génial et je veux qu’il le reste. Je ne veux pas que nous soyons perturbés par un bébé » dit-elle.
De nombreux autres couples gardent leurs distances avec la procréation car ne sont pas encore capables de la supporter.
Débat en ligne
Parmi des milliers de blogueurs du cyberespace chinois, un nouveau groupe s’est fait connaître en affichant leurs aventures parentales. Ces mamans et papas blogueurs écrivent régulièrement sur la vie quotidienne de leurs enfants, échangent des conseils et postent des centaines de photos de leurs bambins. Ils sont divisés quant à savoir s’ils sont ou non « esclaves des enfants ».
Xiao Dingding, qui anime le blog Mei Hua Duo Duo Kai, admet volontiers qu’elle en est une. « La fin d’une vie est le début d’une autre forme de bonheur » écrit-elle sur son blog. « Cela en vaut la peine. »
Gao Jia Shao nainai, qui est sur le point d’accoucher, pense qu’elle va le devenir et attend cela avec impatience. « Il est de ma responsabilité d’élever la prochaine génération » écrit-elle. Elle poursuit en expliquant que les jeunes parents qui ont des problèmes financiers – nombreux dans la « génération post-80 » – sont dans cette situation parce qu’ils sont trop dépendants de leurs propres parents. « Si je règle mes propres finances, je serai une forte « esclave des enfants » » dit-elle. « Je suis impatiente ».
Netizen Baobao pense qu’elle est une « agricultrice d’enfants » plutôt qu’une esclave. « J’élève mon enfant avec des soins d’accompagnement, tout comme un agriculteur qui plante des arbres. »
Wen Ma, qui écrit également son propre blog, a critiqué le populaire dicton chinois « tout ce que nous faisons est pour les enfants ». Elle poursuit, « Nous prenons les deux, le dicton et les enfants, trop au sérieux ; pour l’amour de nos enfants, nous ne pouvons pas être des esclaves. Cela nous rendrait faibles ».
Huan Zi ne pense pas que le terme décrive correctement sa génération de parents. « Nous pouvons être « esclaves des appartements » car nous avons besoin d’un appartement pour y vivre, mais c’est notre choix d’avoir des enfants », dit-elle. « Les générations plus âgées et les plus jeunes devraient arrêter ce cycle parasitaire de vie les uns aux crochets des autres, nous avec nos parents et nos enfants avec nous. Il viendra un moment où la génération post-1980 trouvera sa place dans la vie, mais cela ne doit pas être celle d’esclave. »
Avis d’experts
Les experts disent qu’un enfant a une incidence sur la vie d’un jeune couple, mais le fait de devenir ou pas « esclaves des enfants » dépend d’eux. Les jeunes couples ont besoin pour avoir un bébé d’être bien préparés psychologiquement et économiquement.
Ils suggèrent que les jeunes couples mettent leurs finances en ordre, dès le début, et apprennent les techniques parentales appropriées.
« Les jeunes couples devraient économiser pour avoir un bébé. Tous les coûts doivent être pris en compte, y compris les honoraires, les frais de séjour à la maternité et les revenus perdus en raison du congé de maternité », dit un expert en ligne. « De cette façon, il y aura moins de soucis financiers quand le bébé arrivera. »
Les experts suggèrent également que les femmes enceintes ne prennent pas de congés de maternité trop tôt si ce n’est pas nécessaire. Et les familles doivent garder un œil attentif sur les changements d’humeur des jeunes mères.
Wang Guiying, chercheuse associée de l’Académie des Sciences de l’Education de Beijing, affirme que les jeunes couples hésitent à avoir un enfant parce qu’ils veulent être les meilleurs parents possibles. Elle estime que, pour soulager leurs inquiétudes, le gouvernement devrait fournir une éducation de qualité et de meilleurs services publics.
Après tout, la joie et le bonheur apportés par un nouveau bébé en vaut la peine. « En devenant « esclaves des enfants », nous avons certainement perdu quelque chose. Mais nous avons aussi gagné beaucoup de joie », dit Li Xiang. Son fils a cinq ans maintenant et Li est heureuse de voir chacun de ses. « Je pense que d’avoir eu un fils a rapproché toute ma famille. »
Élever un enfant est certainement une entreprise énorme. Il est également l’un des efforts les plus fondamentaux de l’homme, et si il peut être financièrement et émotionnellement coûteux, il peut aussi apporter beaucoup de joie et de plénitude dans la vie des jeunes parents.