Extraits d’un article sur la situation des femmes en Algérie paru dans le numéro d’avril 2013 de la revue Afrique Asie.
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« Avec 31,6 % de femmes au Parlement, l’Algérie est le premier pays arabe à franchir le seuil de 30 % de représentation féminine à l’institution parlementaire. [La moyenne mondiale est de 20,3 %]
Malgré la parité salariale instituée depuis des années et une présence massive aux fonctions intermédiaires de direction, les femmes sont peu présentes aux postes de direction. […] Le poids des traditions freine considérablement l’émancipation des femmes. La question de l’héritage inégalitaire pour des raisons religieuses, sinon interdit aux femmes, comme en Kabylie, est l’une des plus cruciales.
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Plusieurs textes juridiques ont apporté ces dernières années des améliorations sensibles pour la situation des femmes algériennes s’agissant de la contraception, du recul de l’âge du mariage, de la réduction du taux de mortalité, de l’évolution du taux de scolarisation, de la baisse du taux d’illettrisme, de l’espérance de vie, etc. ¨Par ailleurs, le nombre de femmes au travail n’a cessé de progresser d’année en année. Il a triplé depuis vingt ans. Trois travailleuses sur quatre affirment qu’à travers l’emploi, elles recherchent l’épanouissement personnel, en plus de l’indépendance financière et d’être utiles à la société. Le nombre d’étudiantes à l’université (70 %) dépasse largement celui des étudiants, avec une répartition selon les filières qui tord le cou à plus d’un préjugé. Les étudiantes font en effet jeu égal avec les étudiants dans toutes les spécialités, y compris celles réputées être l’apanage des hommes, comme le génie civil ou le secteur des bâtiments et travaux publics.
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Mais les enquêtes montrent aussi la subsistance d’un fléau : la violence faite aux femmes. Elle concerne tous les milieux sociaux. […] les autorités ont encore recensé en 2012 plus de 6 000 cas de violences contre les femmes. Ce chiffre reste sans doute en deçà de la réalité, de nombreuses femmes violentées hésitant à porter plainte pour des considérations familiales ou en raison des pressions subies par leur hiérarchie au travail.
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Des sociologues affirment que l’espace public continue à « rejeter » les femmes, que rien ne les protège du harcèlement mâle, ni leur tenue vestimentaire ni même leur âge. Ils attribuent ces dérives [sic] à la résistance du modèle patriarcal encore dominant et plaident en faveur d’un travail de rééducation à la base, à partir des premières années de scolarité, pour modifier les comportements et promouvoir l’égalité entre filles et garçons. »
SOURCE : Hamid Zedache, « Sur les chemins escarpés de l’émancipation », Afrique Asie, avril 2013, p. 76-79