INCENDO
Sur le rapport entre genres & classes. Revue de presse & textes inédits
Petit lexique

 

 

Beaucoup de termes concernant les questions de genres et de classes n’ont pas de définition stricte et encore moins consensuelle. C’est pourquoi nous indiquons comment nous les utilisons. La première occurence de chaque terme est signalée par une * dans les articles.

 

 

 

APPROPRIATION

Rapport dans lequel une catégorie (dominée) se trouve appropriée par l’autre (dominante). Colette Guillaumin, à l’origine de ces réflexions, fait référence aux formes d’appropriation que représentaient l’esclavage (maître/esclave) ou le servage (seigneur/serf). Elle désigne le rapport d’appropriation des femmes par le terme de sexage. Les individus du groupe dominé sont la propriété d’autres individus (ils leur appartiennent corps et âmes, leur doivent obéissance, etc.). Les femmes sont appropriées collectivement (en tant que groupe, au sein des rapports sociaux généraux) et individuellement (au sein des rapports familiaux, par le mariage). Certains d’entre nous pensent que cette seconde appropriation est aujourd’hui devenue facultative dans les pays occidentaux, d’autant que la progressive intrusion juridique et sociale de l’Etat au sein du foyer lui a fait perdre de sa force (les femmes ne sont plus considérées comme des mineures sous l’autorité du mari, le viol conjugal est reconnu juridiquement, etc.). Pour d’autres, l’appropriation individuelle est toujours nécessaire au contrôle des femmes, mais elle est plus complexe qu’il y a cinquante ans.

 

CAPITALISME

Le mode de production capitaliste naît de la dissolution de l’ordre féodal européen. Sa caractéristique fondamentale est le monopole de la bourgeoisie sur les moyens de production et les subsistances (séparation entre producteurs et moyens de production). Le prolétaire, démuni de tout, est contraint au travail salarié et à la production de plus-value.

Le capitalisme s’adapte, évolue, se transforme sans cesse (c’est ce qui le caractérise) : « La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner toujours plus avant les instruments de production, donc les rapports de production, donc l’ensemble des rapports sociaux » (Marx et Engels, Le Manifeste du parti communiste, 1848). Il peut fonctionner en s’appuyant sur un régime dictatorial ou démocratique, selon un mode libéral ou planifié étatiquement, sans patrons (URSS), sans hiérarchie (autogestion), etc. Pour assurer son expansion et sa domination au fil des siècles et des continents, il a utilisé puis transformé ou mis à bas des systèmes de valeurs, sociaux, politiques, moraux ou économiques qui étaient devenus des obstacles pour lui. Aucun système économique ou social n’étant immortel, le capitalisme aura, d’une manière ou d’une autre, une fin.

 

CLASSE

L’appartenance de classe (d’un groupe ou d’un individu) est définie en fonction de la place occupée dans un mode de production donné – pour le mode de production capitaliste : classe capitaliste/prolétariat (c’est la définition marxiste classique, et c’est ainsi que nous l’utilisons).

Ce terme est employé, à partir des années 1970, par certaines féministes pour qualifier le groupe des femmes. Elles n’ont pas choisi ce terme par hasard, mais bien parce qu’elles sont généralement de formation marxiste. Parler d’une « classe des femmes » c’est considérer que toutes les femmes ont une place identique dans un mode de production : le mode de production domestique (ou patriarcal), tel que théorisé par Christine Delphy. Évidemment, leur place est celle des exploitées, en opposition à la « classe des hommes » qui est celle des exploiteurs.

Aujourd’hui, sans lien avec ces théories, des féministes et d’autres utilisent ce terme pour qualifier le groupe des femmes ou tout groupe oppressé, dominé ou minoritaire.

 

COMMUNISATION

C’est dans les années 1970 que des groupes issus de l’ultragauche forgent le terme de communisation pour qualifier le processus révolutionnaire. Jusqu’alors, la révolution était envisagée selon un schéma classique (valable, avec évidemment des variantes, pour les vieux sociaux-démocrates, les léninistes et bien des anarchistes) : montée en puissance de la classe, prise du pouvoir, période de transition/dictature du prolétariat, mise en place des conditions du communisme et puis enfin le communisme. En raison de l’évolution de la lutte des classes, ces groupes ont jugé que ce schéma était devenu inadéquat, voire complètement caduc. Il ne s’agit pas de faire la révolution pour le communisme, mais par le communisme, d’où le terme de communisation. Si révolution il y a, elle devra être, dans un même temps, phase de destruction du vieux monde et phase de construction du communisme : suppression de l’Etat, de la propriété, de la valeur, de l’argent, de l’échange, du salariat et des classes par l’action du prolétariat, donc l’auto-négation de ce dernier, etc. (cela n’a bien sûr pas grand-chose à voir avec la construction, dans la société actuelle, d’alternatives, y compris d’« îlots » de communisme).

Nous pensons que le processus de communisation intégrera inévitablement la question des genres, et devra la résoudre sous peine de sombrer dans la contre-révolution : la seule réponse sensée, qu’il ne manquera pas d’apporter, est incontestablement l’abolition de ces sordides catégories (auto-négation des femmes et des hommes).

 

COMMUNISME

Le communisme n’a évidemment rien à voir avec les dictatures du XXe siècle improprement appelées « communistes », qui étaient en fait des formes autoritaires de capitalisme d’Etat. Négativement, on peut dire que le communisme sera la fin (abolition, dépassement) de toutes les formes d’aliénation humaine, de médiation, de domination, l’abolition de l’Etat, des classes (donc du prolétariat), des genres, du salariat, de l’argent, de la valeur, de la propriété, du Droit, de la morale, etc., ce qui ne peut se faire sans une révolution totale et internationale.

 

DOMINATION FORMELLE/RÉELLE

Les deux phases historiques du développement économique de la production capitaliste. Dans la première phase, dite « de domination formelle du capital sur le travail », le capital domine mais le mode concret de travail n’est pas modifié et reste globalement celui du mode de production précédent.

Dans la phase de domination réelle, c’est ce travail concret, ainsi que toute la vie, qui sont complètement transformés et adaptés au mode de production capitaliste. La domination est effective et réelle.

La datation précise de ces deux périodes est impossible (le passage de l’une à l’autre est progressif et varie selon les pays) et objet de controverses. On peut néanmoins dire que, pour les pays occidentaux, la domination est formelle au début du XIXe siècle et réelle dans la seconde moitié du XXe siècle).

A ce sujet, voir Karl Marx, Un chapitre inédit du Capital, Paris, UGE, 302 p.

 

DOMINATION MASCULINE

Ce terme est généralement considéré comme moins conceptuel ou théorique que celui de « patriarcat » (bien que souvent utilisé comme synonyme) ; il peut en effet se limiter à un simple constat (pas neutre pour autant). Nous préférons néanmoins l’utilisation de ce terme à celui de patriarcat pour désigner notre société où ce sont les hommes qui majoritairement et globalement détiennent le pouvoir, et qui n’est plus structurée à cet effet.

Un rapport de domination peut être total, totalisant, mais aussi évoluer, s’éroder, être renversé ou aboli. Il n’est pas une fin en soi, mais un outil permettant d’atteindre des buts (la domination sur les femmes permet le contrôle de la reproduction ; la domination sur les prolétaires permet leur exploitation).

 

ESSENTIALISME

Pour faire bref, la particularité des courants féministes essentialistes est qu’ils considèrent qu’il y a bien une différence de nature entre les hommes et les femmes, qui explique et confirme la sexuation. Cela fait que la critique se limite souvent à l’inégalité entre hommes et femmes sans remettre en question l’organisation de la société en deux genres, c’est-à-dire sans considérer que ces catégories sont le fruit de rapports sociaux et ont une fonction.

Bref, l’essentialisme est, avec le pro-féminisme, le pire produit du sexisme.

 

FEMME

Individu défini en premier lieu par sa place dans la reproduction de la population (et donc dans la sphère privée) et sans cesse renvoyée à cet état (avec violence s’il le faut). Dans toutes les sociétés, sa supposée capacité reproductrice entraîne le contrôle de son corps et son appropriation/domination par les hommes. Dans le mode de production capitaliste, cette fonction reproductrice entre en contradiction avec son rôle de prolétaire (voire de bourgeoise). Les femmes, c’est pas naturel.

 

FÉMINISMES

Le féminisme, comme mouvement collectif de luttes de femmes, ne se manifeste en tant que tel que dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il repose sur une reconnaissance par les femmes de leur oppression spécifique et systématique (pas inscrite dans la nature). Cette revendication de droits naît de l’écart entre l’affirmation d’égalité universelle et la réalité (Déclaration des droits de l’homme, démocratie que met en place la bourgeoisie). A distinguer des mouvements populaires de femmes qui ne mettent pas directement en avant la revendication de tels droits. Le terme est refusé (car de connotation bourgeoise) par les femmes socialistes de la IIe et IIIe internationales pourtant considérées comme des précurseuses dudit féminisme.

Contrairement à l’acception courante, on emploie difficilement ce terme au singulier, car les positions et objectifs des féministes sont bien trop variés.

 

GENRES

Le terme apparaît en Grande-Bretagne au cours des années 1970 dans les milieux féministes afin de désigner le sexe social (construit socialement).

Le genre s’appuie sur des caractéristiques anatomiques sans pour autant les recouvrir exactement. En fonction de variables anatomiques (déterminant notamment l’éventuelle capacité procréatrice de certains individus), il permet la création/distinction des groupe hommes et groupe femmes perçus comme « naturels » (et s’il le faut, imposé chirurgicalement dans au moins 2 % des naissances). « Le genre construit le sexe » (Christine Delphy).

A partir de cette prétendue dichotomie, les sociétés humaines construisent donc deux groupes sociaux et leur assignent des fonctions et rôles différents (le plus souvent hiérarchisés) qui recouvrent l’ensemble de la société (sexuation) : hiérarchie, division du travail, organisation sociale de la procréation/maternité (nécessaire contrôle de la reproduction, donc des « femmes »), hétérosexualité et famille comme normes, etc. La construction quotidienne et la perpétuation de ces groupes (de cette différence/inégalité) nécessite la mise en place et le fonctionnement de nombreux dispositifs (notamment culturels, éducation, vêtements, comportements, etc.) qui font/sont la société dans laquelle nous vivons. Ces déterminations varient selon les époques et les sociétés, ce qui montre bien qu’il s’agit d’une construction sociale (qui n’a rien de naturelle).

Voir notamment Paola Tabet, Colette Guillaumin, Christine Delphy et Françoise Héritier.

 

HOMME

Catégorie construite socialement. Contrairement à la femme, l’homme est en premier lieu défini par la place dans la sphère publique. Le groupe des hommes s’approprie et domine le groupe des femmes. Ainsi s’organise le contrôle du corps des femmes et la reproduction.

 

INDIVIDUS IMMÉDIATEMENT SOCIAUX

Individus qui seront transformés par la révolution et les nouvelles conditions matérielles d’existence (communistes). Ils entretiendront, de fait, de nouveaux rapports, débarrassés de toutes les médiations par lesquelles nous sommes construits et définis dans et par le mode de production capitaliste : classes, genres, races, origines, rôles sociaux, emplois, niveaux culturels, etc. Ils seront donc à l’opposé des individus séparés/atomisés que nous sommes aujourd’hui, et bien au-delà de ce que nous pouvons vivre de plus ou moins sympathique dans un squat, une communauté rurale ou une occupation.

 

LUTTE DES CLASSES

La lutte des classes oppose des classes aux intérêts contradictoires : dans le mode de production capitaliste, la classe capitaliste, détentrice des moyens de production, et le prolétariat, qu’elle exploite et domine. Cette lutte est quotidienne, souvent peu visible (exploitation, résistance au travail, sabotage, absentéisme, etc.) ou parfois très palpable (restructurations, grèves, émeutes, etc.). De haute ou basse intensité selon les périodes, elle ne cessera qu’avec l’abolition des classes.

 

NATURE

Ça n’existe pas.

 

PATRIARCAT

Au sens strict il s’agit du pouvoir du chef de famille. Le partriarcat est généralement défini comme un type d’organisation sociale où l’autorité familiale et politique est exercée par les homme. Il organise au moyen de lois, d’institutions et de coutumes la division sexuée du travail et l’exclusion des femmes des activités donnant du pouvoir (monopole de la politique, de l’usage des armes et des outils les plus efficaces).

Ce terme est le plus souvent utilisé par les féministes (depuis les années 1970) comme synonyme de « domination masculine », comme si cette dernière était invariable depuis des milliers d’années (notable exception avec Christine Delphy qui s’y oppose et n’utilise ce terme que pour qualifier le mode de domination masculine dans les sociétés industrielles contemporaines).

Nous pensons que ce terme n’est plus adéquat pour qualifier actuellement notre société (occidentale) qui, bien que ce soit majoritairement les hommes qui détiennent le pouvoir, n’est plus organisée (juridiquement, politiquement) en ce sens.

 

PLUS-VALUE RELATIVE/PLUS-VALUE ABSOLUE

La plus-value est la différence entre la quantité de valeur ajoutée par le travailleur à la marchandise initiale (par son travail) et la valeur de sa force de travail nécessaire (équivalent de son salaire). Elle représente la valeur du surtravail (part non payée du travail). La plus-value est pour l’essentiel réinvestie dans le processus de production/valorisation (c’est l’accumulation du capital). Elle forme aussi le revenu des patrons, individuellement et collectivement (Etat, police, etc.).

Les patrons, qui doivent sans cesse augmenter cette plus-value, ont deux manières de le faire. De façon absolue : en augmentant la longueur du temps de travail, comme par exemple au XIXe siècle (le temps de travail nécessaire à la reproduction restant le même, c’est le temps de surtravail, donc la plus-value, qui augmente). De façon relative : en faisant baisser la valeur des subsistances nécessaires à la reproduction de la force de travail par l’augmentation de la productivité (par exemple, nouvelles machines, cadences accélérées, etc.).

 

PRO-FÉMINISTE

Définition pro-féministe : homme qui, ayant pris conscience de son rôle d’oppresseur dans la société et auprès des femmes, épouse totalement la cause féministe. De fait, il doit porter une attention permanente à sa déconstruction, et se refuse à émettre une quelconque critique à une femme.

Définition féministe : excroissance cancéreuse du féminisme, homme qui a mieux compris le sexisme que les féministes, et qui a surtout bien compris que, pour se taper des féministes, il valait mieux s’écraser un peu (en société).

Note entomologique : le pro-féministe peut aller jusqu’à une vénération/exaltation du féminin qui confère à l’essentialisme (ou du moins à la connerie).

 

PROLÉTARIAT

Le prolétariat est la classe de ceux qui, n’ayant d’autres moyens de survivre, sont contraints de se salarier (de vendre leur force de travail à la classe détenant les moyens de production) ; d’où l’exploitation et les intérêts contradictoires de ces deux classes. Il comprend aussi bien les ouvriers, les employés que les chômeurs et, en expansion permanente, n’a jamais été aussi massif qu’aujourd’hui. Si il n’a jamais été uni, il est aujourd’hui encore plus divisé. Le seul moment où il pourra se reconnaître et s’unifier en tant que classe sera la révolution, au cours de laquelle il s’abolira en tant que telle.

 

QUEER

C’est au départ une insulte (« bizarre, louche ») désignant les homosexuels aux Etats-Unis, qui est ensuite revendiquée pour désigner des comportement anormaux (non hétérosexuels). Apparue au début des années 1990, la théorie queer critique les mouvements féministes et homosexuels, trop centrés sur les questions d’identités collectives constituées, qu’elle juge dépassées, normées, voire essentialistes. Il s’agit donc de dépasser (de troubler) le genre et les identités sexuelles. Une tentative de dépassement des deux genres vient avec le queer, mais ce concept semble revendiquer une multiplication des genres par le refus des normes en cours, ce qui ne propose pas de détruire un cadre d’oppression, mais seulement de l’élargir : refuser des normes imposées pour en choisir d’autres, aussi nombreuses soient-elles, c’est croire possible l’autogestion de sa propre domination, ou souhaiter la création de très esthétiques niches alternatives au sein du système.

 

REPRODUCTION

Ça n’a rien de naturel, bien que ce soit perçue ainsi. La reproduction est un phénomène organisé socialement (il suffit pour s’en convaincre de comparer les très variables taux de fécondité et les différents modes d’organisation afférents à travers le temps et l’espace). Les phénomènes qui lui sont associés (et qui la permettent), organisés et actualisés socialement à chaque instant, sont eux aussi considérés comme naturels : les hommes et les femmes, les rapports sexuels (normalement hétérosexualité, sexualité pénétrante (coït vaginal) et se terminant par l’éjaculation masculine), la grossesse, la maternité… D’autres, qui ne peuvent être considérés comme naturels, sont vus comme l’encadrement étatique/médical, d’un phénomène naturel (contraception, avortement, politiques familiales, etc.). A ce sujet, voir notamment les travaux de Paola Tabet.

 

REPRODUCTION DE LA FORCE DE TRAVAIL

Reproduction quotidienne de la force de travail : le fait que le prolétaire soit à même de survivre et de revenir travailler le lendemain. Elle nécessite la satisfaction de certains besoins (variables selon les époques et les pays), notamment se nourrir, se vêtir, etc. Les tâches qui y sont liées sont généralement effectuées par les femmes (travail domestique) et parfois socialisées (cantines, restauration rapide, etc.).

Reproduction générationnelle : le fait que les prolétaires « fassent » et élèvent des enfants, c’est-à-dire de nouveaux prolétaires exploitables quinze ou vingt ans plus tard. Là aussi, les tâches qui y sont liées sont généralement effectuées par les femmes (travail domestique) et parfois socialisées (crèches, écoles, etc.).

 

SEXISME

Assez proche du racisme, attitude de discrimination à l’encontre d’un genre (à l’encontre des femmes dans l’acception usuelle et en réalité). Ce terme renvoie à des attitudes individuelles, à un état d’esprit (qu’il conviendrait de corriger) ou, au mieux, à une idéologie. Il élude néanmoins une quelconque structuration de la société, qui explique pourtant son existence, c’est pour cela que nous ne l’utilisons que rarement (il est pour nous rouage et conséquence de la domination masculine).

Certains hommes prennent conscience de l’existence du sexisme quand des féministes leur font des blagues antimecs. ça ne les fait généralement pas rire du tout.

 

SEXUATION

C’est la division des tâches/attributions/pouvoirs en fonction des sexes (la première division du travail). La sexuation est présente dans toutes les sociétés connues (dans certaines sociétés primitives, elle n’impliquait pas forcément une claire hiérarchisation entre les groupes). Avec l’apparition des sociétés de classes, la domination sur les femmes s’est confirmée, accentuée et surtout institutionnalisée pour donner forme au patriarcat.

 

SPHÈRES PUBLIQUE/PRIVÉE, PRODUCTIVE/REPRODUCTIVE

Termes utilisés pour désigner des domaines limités où se manifestent et s’exercent les activités, attributions ou influences de chacun. La sphère privée est globalement circonscrite au foyer/couple/famille et centrée sur des activités de reproduction. Les femmes sont en premier lieu définies par leur fonction dans cette sphère (assignation à la reproduction). La sphère publique englobe tout ce qui est en dehors du foyer, elle est le lieu de l’activité de production, du politique, du culturel, du militaire, etc. Cette sphère, longtemps définie comme lieu de l’activité des hommes, tend, depuis la seconde moitié du XXe siècle, à se mixifier progressivement (contrairement à la sphère privée).

C’est le mode de production capitaliste qui produit cette division inédite entre lieu de production et lieu de reproduction.

 

TRAVAIL NÉCESSAIRE / SURTRAVAIL

Le travail nécessaire est le travail que les prolétaires effectuent pour assurer la reproduction de leur force de travail (de quoi se nourrir, se loger, s’habiller, etc., ce qui correspond au salaire). Le surtravail est le travail accompli au-delà du temps de travail nécessaire (il est effectué gratuitement pour les patrons et se transforme en plus-value).

 

ULTRAGAUCHE

Ce terme désigne historiquement les « communistes de gauche » que dénonce Lénine dans sa brochure La Maladie infantile du communisme (1920) : la Gauche germano-hollandaise (Pannekoek, Gorter, Rühle, etc.) et la Gauche italienne (Bordiga). On peut dire que, globalement, et avec bien des variantes, les groupes et théoriciens de ce courant marxiste ont rejeté et fait la critique de l’Etat, du parlementarisme, des organisations (partis et syndicats), de la démocratie, de la dictature du prolétariat, de l’antifascisme, du frontisme, de la gestion ouvrière, etc. Dans la France de l’après-guerre, des groupes comme Socialisme ou Barbarie, Informations et Correspondances Ouvrières (ICO), voire même l’Internationale situationniste, peuvent être rattachés à ce courant. A partir des années 1970, de petits groupes et revues (Le Mouvement communiste, Négation, La Guerre sociale, La Banquise, etc.) se forment en rupture avec « l’idéologie » ultragauche (et en particulier le conseillisme) ; c’est alors que se développent les thèses de la communisation.

Depuis quelques années, ce terme est utilisé un peu à tort et de travers par les journalistes et flics pour qualifier les groupes qui agissent hors de leur champ de compréhension.