Article anonyme paru dans Molotov et confetti , en 1984
Le féminisme est mort !!! Vive le féminisme…
L’État récupère tout, y compris la lutte des Femmes… Les femmes ont pris conscience qu’elles pouvaient avoir un autre rôle dans la société que femmes au foyer, mères de famille ; l’État aussi !..
En 1968, les Femmes dans le mouvement créent le MLF et se battent pour la « libre disposition de leur corps et de leurs idées ».
LE POUVOIR CRÉE ALORS UN « SECRÉTARIAT A LA CONDITION FÉMININE » !
Les Femmes n’ont pas compris que leur lutte faisait partie de la lutte de classe, que pour se battre contre l’oppression sexiste il faut aussi se battre contre toutes les autres oppressions.
QUAND ON SE BAT CONTRE L’ALIÉNATION DES FEMMES, IL FAUT AUSSI SE BATTRE CONTRE L’ALIÉNATION DES HOMMES !..
Un mec qui viole une nana, c’est pareil qu’un faf qui tabasse un immigré, pareil qu’un flic qui descend un rebelle.
Ce sont les mêmes ennemis de classe.
ON veut faire passer les Femmes pour des libérées, devenues indépendantes grâce au travail, vivant complètement leur corps et leur sexualité grâce à la contraception, l’avortement légalisé… Alors qu’il est clair que les Femmes sont toujours aliénées, les Hommes aussi d’ailleurs !..
Les Femmes ont exigé le droit au travail comme les Hommes, le droit à être exploitées dans les usines comme les Hommes…
Les Femmes ont exigé le pouvoir qui embrigade et qui exploite les prolétaires, les immigrés, les révolutionnaires.
IL Y A DES FEMMES AU GOUVERNEMENT.
Maintenant que les Femmes votent, que les Femmes travaillent ; l’ÉTAT S’EST SIMPLEMENT « ADAPTÉ » : Il a changé de politique et prend des mesures « bidons » en faveur des Femmes (loi anti-sexiste).
On ne se marie plus, le concubinage est reconnu, les Filles-Mères touchent les allocations…
On fait un enfant quand on le désire, il y a la pilule (c’est bien pratique), un accident ? On pratique l’avortement. Avortement toujours pas gratuit (il faut être à la Sécurité Sociale pour le remboursement) ; avortement toujours pas libre pour les Femmes immigrées, les Femmes mineures…
Les Femmes ne sont plus dépendantes financièrement, il y a tout un éventail de boulot à temps partiel. Au choix…
COMMENT PEUT-ON ENCORE PENSER QUE LE TRAVAIL LIBÈRE LA FEMME ? ON SOUS-ENTEND BIEN ENTENDU QUE LA FEMME CONTINUE D’ACCOMPLIR SON ROLE « DOMESTIQUE »… LE TRAVAIL SALARIÉ, C’EST L’EXPLOITATION ; CELA N’A JAMAIS ÉTÉ UNE LIBÉRATION NI POUR LES FEMMES, NI POUR LES HOMMES.
Une nouvelle « race » de Femmes est née : La Femme d’« action » à son travail, Femme « ménagère et productrice d’enfants » dans son foyer (qui lit « Biba », bien sûr !..)
On se fait violer, on fera un procès, et on mettra le type en prison, ça calme les esprits… (et c’est bien pour la campagne contre la violence).
La politique a bien marché, le MLF et ses consœurs discutent du projet de loi anti-sexiste.
Il y a maintenant des Femmes ministres… Elles sont devenues plus que complices de l’État, elles sont l’État…
NOUS DEVONS NOUS BATTRE NON PAS UNIQUEMENT PARCE QUE NOUS SOMMES EXPLOITÉES EN TANT QUE FEMMES, MAIS PARCE QUE NOUS AUSSI, NOUS SOMMES EXPLOITÉES EN TANT QUE MAIN-D’ŒUVRE, PARCE QUE NOUS AUSSI NOUS SOMMES DANS LES USINES, PARCE QUE NOUS AUSSI, EN TANT QUE PROLÉTAIRES NOUS SUBISSONS LE FLICAGE ET LA RÉPRESSION.
Le combat des Femmes est un combat révolutionnaire…
Changer les mentalités, se battre contre les rôles qu’on nous force à avoir (aussi bien les femmes que les hommes).
Se battre contre tous les modes de rapports POURRIS que le système capitaliste nous inculque (couple, jalousie, morale…).
La lutte des femmes nécessite donc des pratiques et une politique révolutionnaire.
Nous voulons mener un combat efficace, celui mené dans la rue. Notre objectif est très précis, combattre l’aliénation de la femme et de l’homme partout ; briser les images stéréotypées de la ♀, de l’♂, combattre le système qui par le CONDITIONNEMENT, nous inflige les rôles sociaux que nous refusons, faire la RÉVOLUTION dans nos rapports pourris entre femmes et hommes, mais aussi femmes-femmes, hommes-hommes.
NOUS AVONS DES COMPTES A RÉGLER AVEC L’ÉTAT ET SES COMPLICES !
La lutte des femmes a toujours été un repaire d’intellectuelles, hors des réalités sociales, de bourgeoises réformistes, de lesbiennes anti-mec.
Nous voulons que toutes les femmes se réapproprient cette lutte qui leur appartient, QUI NOUS APPARTIENT, nous qui sommes dans la rue, au chômage, immigrées sans papiers, dans les usines…
Il faut bien comprendre que l’État a besoin de nous qui produisons dans les entreprises, mais qui produisons aussi avec nos enfants, la main-d’œuvre nécessaire au Pouvoir.
SI NOUS NOUS RÉVOLTONS ?
LE POUVOIR BASCULE…
ALORS…
Le PDF de ce numéro de Molotov et confetti est téléchargeable ICI