INCENDO
Sur le rapport entre genres & classes. Revue de presse & textes inédits
Maroc : une femme sur cinq est chef de famille

Une tendance lourde, selon un récent rapport du HCP

 

 

A travers les époques, l’institution familiale a subi beaucoup de mutations. De ce fait, elle n’est plus ce qu’elle était il y a une génération. Alors que l’homme monopolisait la fonction de chef de famille, cette dernière a tendance à lui être ravie par la femme.
Les études établissent cette réalité et le Haut commissariat au plan (HCP) n’est pas en reste. Selon son dernier rapport, une femme sur cinq aurait le statut de chef de ménage en 2011, soit un taux de 20% contre 18,7% en 2007. Une tendance à la hausse qui se confirme depuis 1994 où ce taux égalait les 15%. Cette source précise également que ces femmes vivent seules à concurrence de 22% et sont pour 54% veuves et 74% inactives.
Cette tendance trouve ses origines, d’après ce document, dans une plus grande longévité des femmes dont l’espérance de vie était de près de 76 ans en 2010 contre 66,4 en 1987. En plus de ce facteur, on trouve aussi l’écart d’âge au mariage entre les hommes et les femmes. Ces deux éléments combinés les amènent à terminer, parfois, seules leur vie et à devoir prendre en charge leur famille.
Cet état de fait s’explique par une meilleure hygiène de vie se concrétisant par la baisse de la mortalité infantile. En effet, les décès pour 1000 naissances féminines avant le premier anniversaire ont décliné de 70% à 27% entre 1987 et 2010, et ceux des garçons de 81% à 33% durant la même période.
La seconde explication est liée à une réduction de la fécondité. Celle-ci est passée de 4,5 enfants par femme en 1987 à 2,2 enfants en 2010. Cette baisse a été plus vigoureuse en milieu rural où l’indice de fécondité a chuté de 5,8 à 2,7 enfants, contre 2,8 à 1,8 en milieu urbain durant la même période.
De telles données sont confirmées notamment par le recul de l’âge du premier mariage pour la femme. En effet, le mariage précoce (parmi les 15-19 ans) qui concernait 20% des filles en 1982 n’a touché que 9% en 2010. Chez les 20-24 ans, près de 60% étaient mariées en 1982 contre 38% en 2010. Par ailleurs, et au cours de la décennie 2000, le taux de scolarisation des filles rurales âgées de 6 à 11 ans est passé de 70% à 92%, et celui de l’alphabétisation des femmes rurales, tout en restant faible, est passé de 10,9% en 1994 à 31% en 2009, note la même source.
Cependant, le HCP tient à préciser que la situation de la femme est loin d’être reluisante. En effet, l’accès des femmes au marché de travail demeure limité car elles ne représentent qu’un peu plus du quart de la population active. De plus, le  chômage les touche plus que les hommes, 9,9% contre 8,7% selon les chiffres de 2012.
A noter que pour mieux appréhender les différentes facettes de la situation de la femme, la dimension genre fait partie intégrante de toutes les enquêtes et études réalisées par le HCP. A cet égard, le département publie, le 10 octobre de chaque année, à l’occasion de la Journée nationale de la femme, un recueil d’indicateurs et de données statistiques sur la femme se rapportant à des aspects aussi variés que la démographie, l’éducation, l’activité et la pauvreté.

Source : Libération (Maroc), mardi 12 Mars 2013

 

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