INCENDO
Sur le rapport entre genres & classes. Revue de presse & textes inédits
France : la natalité résiste à la crise

L’Institut national d’études démographiques vient de publier un nouveau rapport « France 2012 : fécondité stable, mortalité infantile en baisse« .

Dans la conjoncture démographique récente de la France, deux constats sont étonnants, que Gilles Pison décrypte ici. Contrairement aux attentes, la fécondité se maintient malgré la crise économique.
Alors que celle-ci a entraîné une baisse de la fécondité dans la plupart des pays développés, n’aurait-elle eu aucun effet en France ? La mortalité des nouveau-nés semble par ailleurs mal connue depuis quelques années. Quelles en sont les raisons ?

PDF a lire ou télécharger ICI.

Ci-dessous article de Libération :

—————————

La natalité française résiste à la crise

 

Au rapport Selon le dernier recensement de l’Ined, la fécondité se maintient en 2012 à 2 enfants par femme.

Par CATHERINE MALLAVAL

C’est un bel acte de résistance. Malgré la crise, les Français ne sont pas si chagrins sous la couette: en 2012, au dernier recensement de l’Ined (Institut national de d’études démographiques) révélé hier, la fécondité se maintient. Comme en 2011, nous en sommes toujours à 2 enfants par femme. Avec, corollaire, un nombre de naissances stable: 792 000 en 2012 en France métropolitaine contre 793 000 en 2011. Une performance? Il y a de ça quand on note, comme le souligne Gilles Pison de l’Ined, que la tendance «observée depuis trente-cinq ans à avoir des enfants plus tard se poursuit». Les femmes qui ont accouché en 2012 avaient en moyenne 30,1 ans, alors qu’elles étaient âgées de 26,5 ans en 1977.

Une prouesse encore quand on découvre que dans la plupart des pays développés, cet indicateur a fléchi sous les coups de butoir de la récession. A compter de 2009-2010 chez nos voisins européens. Plus tôt encore aux Etats-Unis: la fécondité qui s’élevait à 2,21 enfants par femme au début de la crise en 2007 y a reculé à 1,89 en 2011.

La France va-t-elle encore longtemps continuer à faire son originale? Si les démographes n’ont pas de boule de cristal, ils pointent des atouts, notamment des politiques sociales et familiales plus avantageuses que chez nos voisins. Mais évoquent aussi un début de tassement: «Sans le ralentissement dû à la crise, les naissances auraient sans doute été plus nombreuses en 2011 et 2012 et l’indicateur de fécondité de la métropole aurait pu dépasser le seuil de deux enfants par femme».

Mortalité infantile en baisse

Autre grand pan de cette dernière étude de l’Ined : la mortalité infantile (proportion d’enfants décédés dans leur première année). Alors que dans son rapport de 2012, la Cour des comptes avait épinglé une stagnation de ce très morbide taux depuis 2005, les derniers chiffres sont moins inquiétants. La proportion d’enfants décédés dans leur première année baisse à nouveau depuis 2010 et s’établit désormais à 3,3 pour 1000 naissances. Un chiffre qui souffre cependant de la comparaison avec nos voisins européens (nous sommes les dixièmes du classement) comme la République tchèque (2,7 pour 1000), la Slovénie (2,9)…

Mais la comparaison tient-elle la route? C’est la question que pose l’Ined qui évoque, notamment, des pratiques hexagonales. Avec des services de néonatologie qui tentent de maintenir en vie des fœtus de plus en plus prématurés, et des équipes d’accouchement qui s’évertuent à «percevoir les éventuels signes de vie à la naissance, contribuant ainsi à déplacer la limite entre mort-né et né vivant».

Autre spécificité française: la possibilité depuis 2008 pour les familles d’enregistrer un enfant né sans vie à l’état civil, quels que soient son poids et la durée de la grossesse qui a fait grimper le taux de «mortinalité» (taux d’enfants mis au monde sans avoir donné signe de vie).

Au final, au 1er janvier 2013, la population française, départements d’outre-mer compris, était estimée à 65,8 millions d’habitants.

SOURCE : Libération, 28 mars 2013

Comments are closed.