INCENDO
Sur le rapport entre genres & classes. Revue de presse & textes inédits
Communiqué « fœtus explosif » (1980)

Article publié dans Colères, n° 2, janvier 1980, p. 22.

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Couverture revue Colères 1980

Nous avons reçu ceci qui n’a été que très partiellement publié par Libération.

Communiqué

La justice se fait de plus en plus répressive. Bientôt les « soi-disant » bavures de flics s’y substitueront en Europe, comme ailleurs. L’espace est libéré pour l’extrême droite : Minute s’étale sur tous les murs, l’Union des femmes contre l’avortement peut tranquillement incendier la librairie des femmes, le pouvoir ouvre la voie à Laissez-les-vivre et ils entonnent tous en chœur les vieux refrains : l’hymne à la Nation, l’hymne à la Naissance, à la Sainte Famille et à la Sainte Trinité qui du haut des cieux nous mate et nous chapote, l’hymne à Marie Salope, l’hymne à l’indécrochable fœtus, l’hymne aux « précieux » bébés… Belle occase pour réintégrer les mères de ces petits Jésus, les femmes, dans la DROITE ligne : famille (enfermement), patrie (= pater = père = pouvoir mâle), travail (exploitation, oppression).

Ça orchestre dur dans les coulisses du pouvoir jusqu’aux sirènes des réformistes dont la démagogie morbide a pour décor un « pseudo-progressisme » et la rue traditionnelle. Le « gauchisme » souteneur des femmes en lutte qui n’a que des mots d’ordre limités, diviseurs et récupérateurs sur fond de théories alibis.

Nos vies, nos désirs ne sont pas négociables ! Par quiconque !! Oui à l’avortement et à la contraception libres et gratuits pour les femmes, les mineures et les immigrées. MAIS, notre parole, notre lutte ne doivent pas s’arrêter là où le pouvoir a parlé ! Nous devons dénoncer, rompre, lutter contre les rapports PRIVE/PUBLIQUE, AFFECTIF/POLITIQUE, sexualité/plaisir, notre rôle et fonction dans cette société patriarchale-capitaliste. Nous devons répondre à la violence subie quotidiennement par une contre-violence collective des femmes, sinon, nous nous auto-mutilons, dans nos vies, nos désirs, nos objectifs.

C’est pourquoi nous revendiquons le « fœtus explosif » déposé sur le palier de M. et Mme PICOCHE, 87 rue Secrétan, Paris 19ème, responsables nationaux de Laissez-les-vivre pour le 19ème arrondissement, et nous appelons les femmes en lutte à une contre-violence collective tout de suite et partout contre le marchandage et la normalisation de nos vies.

Ah ! Si vos mères avaient connu l’avortement, vous ne sauteriez pas aujourd’hui, faites votre mea-culpa !

Les groupes :

Quelques rescapées de l’aiguille à tricoter

&

Résistance communiste

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La revue Colères était réalisée par des militantes venues de l’OCL, du Groupe Emma Goldman de la FA ou de la revue La Lanterne noire.

Trois numéros seront publiés de mai 1978 à janvier 1980. Le dernier numéro porte comme sous-titre « journal du mouvement de libération des femmes ».

Quelques infos complémentaires sur la revue Colères ICI.

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