Dossier « La lutte des infirmières », paru dans Courant alternatif, n° 80, novembre 1988, p.29-32.
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Le blues des infirmières
L’arrêté du 23 décembre 1987 : Barzach
Toute personne quelque soit le niveau, ayant cinq ans d’expérience professionnelle dans n’importe quelle profession peut prétendre entrer dans les écoles d’infirmières.
Déjà en 1984
A la demande du syndicat des médecins biologistes des laboratoires privés qui veulent toujours plus renforcer leur pouvoir et accroître davantage leurs profils, le Conseil d’Etat annule le décret du 12 mai 1981 qui fixait les compétences des infirmières. Cet avis du Conseil d’Etat a des conséquences immédiates sur les infirmières, surtout en secteur privé (interdiction de prise de sang sans prescription, de contrôle urinaires courants par tests rapides, etc.)
La riposte sera rapide et massive. Syndicats (FO, CGT, CFDT. CGC/CFE), associations, salariées et libérales, toute la profession descend dans la rue le 24 avril 1984.
Le ministre PS de l’époque, Edmond Hervé, déclarait : « Les infirmières n’ont pas d’inquiétude à se faire. Nous prenons l’engagement non seulement de rétablir très rapidement les infirmières dans leurs droits, mais d’augmenter leurs prérogatives. »
Rétrospectivement, la première crise d’identité sur le devenir des infirmières prenait forme. Une répétition en quelque sorte. A l’époque. CFDT, CGT, menaient le combat contre la dégradation, la déqualification de la profession. Le gouvernement de gauche (Fabius), lui, ne cessait de reculer face aux pressions des lobbies médico-pharmaceutiques.
Aujourd’hui, Mitterrand (Presse du 10 octobre), « comprend » la colère des infirmières. « Si justifié que soit un mouvement, on ne peut demander à un gouvernement de faire en quelques mois ce qui n’a pas été fait pendant plusieurs décennies. » Qui mieux que Mitterrand pouvait dire cela? Quelles catégories auront le mieux profité de son septennat sinon les médecins dont les tarifs n’ont cessé de croître?
L’intermède des infirmières anesthésistes
Infirmières anesthésistes (I.A.) un peu à part dans l’hôpital, car travaillant principalement dans les blocs opératoires (45.000 l.A. au niveau national). En novembre 1987, elles entament un mouvement qui sera assez dur et suivi.
Après des grève, elles obtiennent satisfaction. En septembre 86 on leur reconnaît par décret la compétence à participer aux anesthésies en présence d’un médecin. Encore, doivent-elles être titulaires d’un certificat « spécialisation anesthésie-réanimation » (deux années de plus d’étude après le diplôme d’infirmière). Là encore, le même schéma que celui qui anima le mouvement de 1984. Le premier pose la crise d’identité lié à la déqualification alors qu’avec le mouvement des anesthésistes, c’est en filigrane la reconnaissance de la compétence
Une certaine Michelle Barzach
Mme Barzach, Secrétaire d’Etat à la santé du gouvernement Chirac, décrète qu’il suffira désormais d’avoir cotisé pendant 5 ans à la Sécurité sociale pour pouvoir se présenter au concours des écoles d’infirmières ; aucune autre condition n’étant demandée. La riposte ne se fait pas attendre. L’Union des associations professionnelles des infirmières (UNASSIF), rejoint par la CFDT, organise le 25 mars 1988 une grève et une manifestation afin de demander l’abrogation de cette décision.
Ce sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Le 26 avril 1988, des militants de base décident d’une première assemblée, elle rassemble une centaine d’infirmières venues de différents hôpitaux parisiens. Chacune repart avec des bases de réflexions et l’objectif de se retrouver. Le 14 juin, seconde assemblée qui réunit 200 à 300 infirmières d’hôpitaux parisiens, mais aussi de province. Des coordinations, dans chaque ville, sont créées. Poursuite du travail de réflexion sur les conditions de travail, lancement d’une pétition et surtout, préparation d’une grève pour la rentrée de septembre.
Un certain calme syndical
Septembre : les coordinations se renforcent, une grève est fixée pour le 29. « Je redoute même une explosion sociale dans nos établissements, notamment du côté des personnels soignants. Alors même qu’il n’y a pas d’agitation syndicale dans les hôpitaux » : A. Damien, président de la fédération hospitalière de France.
Quelle perspicacité dans un univers où le taux de syndicalisation ne dépasse pas 10 à 15% de l’ensemble des salariés et 5 % chez les infirmières. Toutefois, sans être anti-syndicaliste, il règne malgré tout dans les coordinations une suspicion à l’égard des syndicats. Même si ceux-ci sont obligés de se rallier au mot d’ordre de grève du 29 septembre, les confédérations restent dans l’expectative et prennent le train en marche.
Pour P. Raynaud (ex-président de la fédération des hôpitaux de France), le « syndrome de la SNCF pointe à l’horizon ».
Pendant ce temps, les coordinations régionales en liaison entre elles se renforcent et étoffent leurs revendications vers un objectif commun. La journée de grève est un succès avec 80 % de grévistes.
Les coordinations tentent d’être reçues par le ministre rocardien Claude Evin. Celui-ci refusera de les recevoir. Renforcées et déterminées, la coordination Île-de-France associée et en liaison avec les coordinations de Province, elles relancent le mouvement et fixent une nouvelle journée de grève reconductible pour le 6 octobre. Contraint par la force de ce mouvement, le ministre accepte de recevoir les représentants des coordinations.
Le 6 et 7 octobre, nouvelles grèves aussi suivies, manifestions toujours importantes. La mobilisation s’étend à d’autres secteurs de la santé qui tentent eux-aussi de mettre en place des coordinations. Mais là, ce sont les syndicalistes à gauche de la gauche qui cristallisent et structurent le mécontentement avec plus ou moins de succès (voir article suivant : « Coordination mode d’emploi »).
Le 8 octobre, à la Sorbonne, 900 délégués venus de 84 villes et regroupant 400 établissements se structurent enfin en une coordination nationale des infirmières, adoptant une plate-forme de revendications communes. Chaque coordination régionale y délègue trois de ses membres. Ainsi la grève est reconduite dès le lundi et une manifestation nationale se déroulera le 13 octobre : un énorme succès.
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Interview d’une infirmière de Caen
Comment est née la Coordination Basse Normandie ?
A l’initiative de militants CFDT et CGT dès la rentrée de septembre au retour d’une assemblée générale de la coordination Ile-de-France. II y a eu une AG informelle d’infirmières qui fut suivie de la création d’un « bureau » provisoire comme organe de liaison. Lors de la nomination de ce bureau provisoire il y avait d’ailleurs une forte représentation de militants CGT ou de I’UNASSlF (association d’infirmières). Ensuite, il y a eu une présence d’abord « timide » de non syndiquées qui n’osaient pas jusque là, puis par la suite, un rééquilibrage.
Le bureau, au départ, ne représentait que le CHU Caen, puis ensuite nombre d’hôpitaux périphériques nous ont rejoint.
L’assemblée générale comme principale structure de la coordination ?
Tout est contrôlé en AG, la rédaction définitive des tracts, des communiqués, etc., tout y est discuté. Elle seule a le pouvoir de décision. Le rôle du bureau n ‘est que de proposer ou de coordonner, mais c’est tout ; et d’assumer le côté matériel des choses (par exemple, location du train pour la manif à Paris, etc.). Un autre exemple : les personnes revenant des coordinations parisiennes rédigent et tirent le compte-rendu rapidement, mais ce sera lors de l’AG suivante qu’on en discutera tous ensemble et que nous prendrons les décisions qu’il faudra.
Pour le CHU, la représentation au bureau est fixe, toujours la même à peu de choses près, et cela ne pose pas de problèmes particuliers ; mais la représentation des hôpitaux périphériques est plus rotative, est-ce une question de choix de leur part? C’est peut-être plus lié à une nécessité en fonction du temps et de la disponibilité de chacun à être présent. En fait il y a comme un mouvement perpétuel lié au désir d’agir des infirmières ; on le constate par la présence des gens en commission.
Les représentants des hôpitaux périphériques insistent sur le fait qu ils ne sont qu’observateurs et ne pourront s’engager sur tel ou tel sujet qu’après la discussion dans les hostos d’où ils viennent.
II y a aussi une autonomie sur les modes d’action dans chaque établissement. Tel on tel type d’action n’a pas les mêmes implications selon l’importance du lieu de lutte. Mais il y a toujours des moments collectifs à la Région pour les échanges, ce sont les AG, avec débats, infos, et les points forts des actions communes (manifs régionales ou nationales). Maintenant il y a même un minitel à notre service.
Seule la CGT est encore dans la mouvement ?
Non, ce sont des militants des sections qui sont avec nous dans la coordination. Aux AG, la CGT n’existe pas en tant que telle, leurs militants sont présents et n’interviennent qu’en tant qu’individus, comme d’autres associations présentes dans le mouvement. II y a une vigilance à ce niveau. Les remarques à l’encontre des syndicats proviennent des infirmières plus anciennes qui ont un « vécu » ou un regard sur les syndicats que n’ont pas les jeunes. FO a quasiment été inexistant dans le mouvement ; la CFDT, après avoir été à l’initiative, ses militants semblent avoir été dépassés par une certaine logique et a… refusé ce mouvement jugé corporatiste. Syndicalement il n’y a plus que la présence des militants CGtistes qui « animent » mais sont très marqués par une méfiance.
Artz, un des infirmiers CGT, investi dans la coordination, est omniprésent médiatiquement, mais on assiste comme à une décharge, une forme de délégation médiatique. Cela est surtout dû au fait que nous n’osons pas parler (TV, interviews). Il y a une appréhension de se tromper. Donc, il a ce rôle mais ce qui reste le plus important c’est qu’avant de donner ses interviews ou d’avoir un contact avec la presse, les grandes lignes et le cadre de ce qui sera dit est préalablement discuté en AG. Il n’est en fait qu’un porte-parole. D’ailleurs s’il débordait ce cadre il se ferait immédiatement cartonner.
La logistique reste CGT…
C’est vrai vu de l’extérieur. Il faut bien aller quelque part pour tirer des tracts, il faut bien une sono dans les manifs, etc. C’est vrai, elle a une logistique qu’elle met a notre disposition, gratuite comme la sono, payante comme les tracts. Par exemple les badges : la coordo a pris en charge toute la conception, et un CGT a été le faire reproduire. Rien n’est neutre, bien sûr il y a sûrement des arrière-pensées, mais pour l’instant, elle sert le mouvement.
Il y a aussi des membres de l’encadrement dans le mouvement…
Au début, au CHU de Caen, ça a posé des problèmes. Certaines surveillantes ont favorisé le départ du mouvement dans leur service malgré les pressions exercées contre elles par la direction du CHU. Elles étaient là, c’est tout. Infirmières elles-mêmes, elles n’ont pas les mêmes rapports avec nous qu’avec les aides-soignantes ou autres personnels de service. Aujourd’hui, avec les propositions avancées par le ministère, certaines se sentent exclues ou négligées dans leurs revendications et reprendraient leur rôle de pression a notre égard, mais c’est à vérifier…
La lutte est partie contre le décret Barzach (voir article précèdent).
Il y a eu nombre de discussions… La coordo était pour l’abrogation et d’ailleurs, une des propositions du gouvernement est de l’annuler.
La coordo a un esprit corporatiste très fort. Dans I’ensemble, les autres coordos ou démarches de lutte sont acceptées, mais ce qui se traduit dans la réalité, c’est chacun à sa place.
Au départ, l’identité du mouvement était « infirmières ». L’esprit (et la lettre parfois) est que les autres catégories s’assument d’abord, après on verra, car la crainte est que si on associe tout le monde et toutes les revendications, il y aura un effet réducteur de la lutte, et les gens se sentiront dépossédés de leur lutte ; et la crainte que tout ne devienne que problèmes de salaire, or ce qui anime le mouvement, c’est l’aboutissement du statut
Caen le 13 octobre 1988
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Entre infirmières
RENNES. – La Coordination infirmières a la grosse tête ! Elle se prend pour tout le service hospitalier : pas question d’associer les autres aux revendications.
Ainsi, hier à l’assemblée générale de la coordination de Rennes. Dans le restaurant de l’hôpital, quelques timides syndicalistes essaient de prêcher l’unité d’action. « On n’en à rien à foutre des autres catégories », proclame une voix. « Si on s’associe à eux, on va se faire bouffer », renchérit une autre. Même le leader charismatique de la coordination, un délégué CGT, ne peut faire entendre raison. « On est entre infirmières, on veut y rester ; les autres n’ont qu’à se débrouiller. »
« Certains responsables de la coordination exacerbent le corporatisme. Ce langage d’exclusion n’est plus supportable », se fâche le secrétaire départemental CFDT Santé.
Pendant ce temps, une femme passait le balai dans la cuisine du restaurant. Elle a haussé les épaules. Pourtant, elle aussi contribue à entretenir la qualité du service public de la santé.
François DANCHAUD
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Caen : coordination mode d’emploi
Marqués par les mouvements des cheminots en 1986 ; interpellés par le mouvement de lutte des infirmières qui ont réussi à briser le complexe « fonctionnaires égal nanti » et permit de faire reculer l’idéologie qui voulait que les fonctionnaires soient des privilégiés, tant parmi le personnel de la fonction publique lui-même que dans l’opinion en général, d’autres catégories de personnels essayaient de se structurer suite à un appel à une assemblée générale le 5 octobre 1988.
Il s’avère que cette AG fut appelée par 3 militants CGT après s’être rendus à une « coordination » AS/ASH à Paris. Au cours de cette AG, face au désir de combativité, un besoin d’autonomie apparaît, ainsi qu’un rejet du corporatisme catégoriel manifesté notamment dans le mouvement des infirmières.
L’attitude au sein de cette AG et la volonté des gens réunis était le dépassement des querelles syndicales (CGT/CFDT/FO) et des divisions qu’elles provoquent habituellement.
Dans ce but, l’assemblée générale décida de se structurer dans une coordination des personnels de la santé arguant du fait que s’il existait des revendications spécifiques à chaque catégorie de travailleurs, seule, une unité et une globalisation de la lutte permettait de les faire aboutir.
Une deuxième proposition, débattue par l’AG fut le regroupement en coordination AS/ASH, mais elle fut rejetée car pouvant amener à une décision de plus.
Le deuxième point décidé fut la nomination d’un bureau provisoire dont les réunions et débats seraient ouverts à tous. Il fut décidé que ce bureau ne serait qu’exécutif et que l’assemblée générale garderait sont pouvoir décisionnel.
Le troisième point, établit une liste de revendications non limitatives et ouverte aux catégories de personnels non encore présentes (administratifs, techniques, paramédicaux…)
Le quatrième point était détendre la lutte aux autres catégories de personnels ainsi qu’aux hôpitaux périphériques.
CHU CAEN (mars 1988)
Participation 55 % de votants
CGT : 36,6 % des suffrages
CFDT : 28,7 %
FO : 12,4 %
« Autonomes » : 15,6 %
Le 1er acte de cette « coordination des personnels de la santé » fut d’appeler à la grève le 6 octobre, suivie d’une manifestation à la Préfecture de Caen, où devait être reçue une délégation.
Cette journée de grève coïncidait avec celle appelée par les syndicats CFDT et FO.
Problèmes existentiels des syndicats
FO : malgré la présence d’une militante aide-soignante FO au sein de la coordination, la centrale ne put que
regarder se faire les choses. Les quelques velléités récupératrices de FO n’allèrent pas bien loin. Leur désir de globaliser l’ensemble des revendications échoua dans une indifférence générale.
CFDT : Plus représentative au CHU Caen, ses militants s’investissent dés le début dans la coordination comme dans le mouvement des infirmières ; son attitude aura la même constance, a savoir :
– Des revendications spécifiques à chacun mais ne pouvant aboutir que dans une lutte globale.
La présence cédétiste au sein de la coordo fut tolérée tant bien que mal jusqu’à l’AG du 6 octobre. La prise de parole du représentant CFDT ce jour-là déclencha de très vives réactions contre sa tentative de récupérer et de casser le mouvement naissant qui était extérieur à leur logique syndicaliste. Le comportement ambiguë de certains de leurs militants lors de la manif le même jour (ne sachant choisir entre le cortège de leur boutique et celui de la coordination à laquelle ils avaient adhéré) acheva de les discréditer.
Il est à noter que les agressions verbales auxquelles dut faire face la CFDT provint surtout de militants CGtistes ou ex-CFDtistes depuis peu.
La CGT :impliquée dès le départ dans la coordination. L’AG constitutive pour la coordination fut à son initiative (voir plus haut). Optant pour la stratégie « opportuniste » et appliquant le même schéma que dans la coordination des infirmières : mise de côte de la structure syndicale et investissement des militant(e)s, avec la fourniture de sa logistique.
Après s’être aperçue des bases et de l’orientation que la coordination s’était fixées, et sentant celle-ci lui échapper, les « chefs » de la section CGT-CHU (par ailleurs investis dans la coordination infirmière) usèrent d’une habile manipulation afin de faire réintégrer cet embryon de coordination dans la stratégie d’ensemble qu’ils avaient prévue.
Le lundi 10 octobre, les travailleurs découvraient sur les murs de l’hosto que leur coordination avait changé d’intitulé et s’appelait dorénavant « coordination AS/ASH » sans que l’assemblée générale fut consultée, ni même que le bureau se soit réuni.
De ce fait, l’objectif était totalement modifié car la mobilisation n’était plus en vue de la grève générale du CHU et des hostos périphériques, mais la mise en place très restrictive de coordinations horizontales séparées entre elles, et reproduisant donc les mêmes divisions entretenues auparavant par les syndicats eux-mêmes.
Lors de l’AG qui s’en suivit, après nomination du bureau, l’assemblée générale lui octroya les pleins pouvoirs ! La logistique de la CGT étant omniprésente, la manipulation aidant, la tentative d’affirmation d’autonomie de cette coordination naissante avorta.
Les revendications
POUR Un statut commun à toutes les infirmières.
Une grille salariale unique et minimale tenant compte de la responsabilité et de la formation Bac plus 3.
Une reprise de l’ancienneté à 100 % quel que soit l’employeur.
POUR Des salaires revalorisés : pas de salaire de départ inférieur à 8 000 Frs, soit 2 000 Frs de rattrapage.
Revalorisation des primes portées à 1 284 Frs et intégration dans le salaire soit un salaire de base à 9 284 Frs.
Revalorisation de toutes les indemnités (nuits, week-end, férié…).
Revalorisation des actes infirmiers en secteur libéral.
POUR L’amélioration des conditions de travail permettant l’exercice complet de la fonction.
L’augmentation des effectifs auprès des patients par l’embauche.
L’amélioration des horaires de travail.
POUR La formation et l’entrée dans les écoles
L’abrogation de l’arrêté du 23/12/87.
L’augmentation des promotions professionnelles et sociales pour suivre la formation en écoles d’infirmières spécialisation et cadres.
Le maintien des effectifs dans les écoles.
POUR La formation permanente ; possibilité de 10 jours par an de formation avec recrutement en conséquence.
Augmentation des crédits alloués.
Obligation de travailler en tandem pendant un temps déterminé pour s’adapter à un nouveau service.
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Réflexions sur le mouvement
Bien que démarré sous des auspices élitistes (décret Barzach) renforcé par un corporatisme parfois virulent, le mouvement des infirmières a grossi. En septembre 88 il débouche sur un conflit social qui, ironie du sort, doit être géré par les anciens de 68 postés dans les rouages de l’Etat.
Le « ras la seringue » des infirmières est la continuité des conflits salariaux de cet été. C’est aussi la continuité des luttes engagées dans le public (audio-visuel, gardiens de prisons… ). La force du mouvement des infirmières est d’abord la déculpabilisation. Fonctionnaire égale privilégié, vient de voler en éclat entraînant au passage le pseudo consensus Rocardien.
L’opinion découvre que la fonction publique est une multitude de prolétarisés, de presque smicards mais non des nantis. Le mouvement des infirmières impulsé par les syndicats et associations professionnelles côte à côte en mars 88 a mûri discrètement à leur insu pour éclater brutalement en une déferlante a-syndicaliste. Les coordinations infirmières de région rappellent évidemment la lutte des étudiants et des cheminots, mais semblent les dépasser par une « maturité politique » et le désir de se prendre en charge par le fait qu’elles négocient elles-mêmes. Rejetant et court-circuitant les confédérations syndicales. Ce mouvement impose l’exigence d’être le seul interlocuteur direct (membres mandatés) pour les négociations à venir.
La peur de la contagion à d’autres catégories dans les hôpitaux, voire des fonctionnaires, a obligé les organisations syndicales à prendre bon gré mal gré le train en marche. Idem pour la CGT qui n’a pas su non plus interpréter ce mouvement.
Ce n’est pas la présence de la confédération que l’on retrouve dans la lutte mais des syndicalistes de base, gauchistes ou ex, juquinistes etc., qui, par opportunisme favorisent les aspects corporatistes du mouvement.
Le problème à poser est de savoir si ces coordinations disparaîtront après le conflit ou si certains ne seront pas tentés de leurs donner une continuité. Ce mouvement saura-t-il acquérir sa maturité politique ?:
– En se débarrassant de son aspect corporatiste inhérent aux associations d’infirmières et aux réflexes de ne pas se faire récupérer.
– En dépassant la tactique gauchiste qui par opportunisme l’entretient dans le carcan corporatiste de façon à essayer tant bien que mal de la manipuler.
– En tentant d’étendre la lutte à toute la fonction publique…
M.L. Caen le 13 octobre.
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