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Egypte : Les travailleuses et travailleurs du textile en grève

Egypte. Les travailleuses et travailleurs du textile de Mahalla à nouveau en grève!

Les salariés de la plus grande usine de textile d’Egypte, travaillant en équipe, ont arrêté leurs machines et déclaré une grève illimitée jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.

10’000 travailleuses et travailleurs ­­de la compagnie du secteur public égyptien Weaving and Textile Compagny de la ville de Mahalla ont commencé une grève lundi matin, 26 août 2013, affirmant que la direction de l’entreprise n’a pas respecté les délais de paiement de leur bonus au terme de la règle instituant une participation aux profits.

Les travailleuses et travailleurs de Mahalla, qui totalisent quelque 24’000 personnes, avaient déjà initié une grève le mois dernier après n’avoir reçu que la moitié de leurs bonus, soit l’équivalent de 45 jours de salaire. La direction avait promis qu’ils recevraient le solde de la somme en même temps que leur paie du mois d’août. Cette promesse ne s’est jamais matérialisée.

Le chef de la firme, Ibrahim Badr, a déclaré à Ahram Online :«Le ministre des Finances a reporté le paiement en raison de la situation économique actuelle. Je ne peux pas dire exactement quand l’argent sera disponible, mais cela ne prendra pas plus de quelques jours.» 

En opposition au récit des travailleurs, Badr affirme que seules quelques centaines des travailleurs d’une équipe spécifique de l’entreprise sont en grève.

Les grévistes ont émis d’autres revendications, dont celle de la démission du chef du holding du tissage et de la filature, Fouad Abdel-Alim, ainsi que la suspension du comité syndical actuel – dirigé par l’Etat – qui a été accusé par les travailleurs de prendre parti pour la direction.

«La démission de Fouad Abdel-Alim est une revendication centrale. Nous le connaissons très bien. L’entreprise ne fleurira jamais tant qu’il occupera ce poste» a déclaré Kamal el-Fayoumi, un travailleur qui est devenu un personnage connu après avoir joué un rôle clé dans les grèves organisées dans le cadre du renversement de Moubarak. 

Badr commente: «Ce n’est pas l’affaire des travailleurs de décider qui doit être démis ou nommé: il s’agit là de la responsabilité de l’Etat.» 

Les négociations concernant la manière de sortir de cette situation bloquée sont en cours entre les représentants des travailleurs et le gouverneur militaire d’al-Mahalla.

Le conflit entre Abdel-Alim et les travailleurs de Mahalla s’est développé au cours des années, depuis qu’il a été nommé à la tête de l’entreprise.

Il a été démis de son poste au milieu d’importantes grèves après le 25 janvier [2011]. El-Fayoumi ajoute:«Nous sommes convaincus que son renvoi correspondait à une concession faite aux travailleurs, mais le gouvernement l’a promu à nouveau par la suite.» 

Les travailleuses et travailleurs de Mahalla ont une longue tradition de militantisme. Ils ont conduit de nombreuses grèves, autant avant qu’après le 25 janvier 2011. Ils débutèrent une vague d’actions ouvrières en 2006 puis, à nouveau, en 2008 ce qui représenta un défi ouvert au régime d’alors.

La ville de Mahalla, située dans le delta du Nil, a été le siège cette année-là des plus vastes protestations contre le régime de Moubarak, ancien de 30 ans.

Commençant comme une grève ouvrière, les protestations évoluèrent une lutte généralisée à la suite d’affrontements avec les forces de sécurité. Pour la première fois, des portraits de Moubarak étaient barbouillés et piétinés ; ces images commencèrent à circuler sur internet, indiquant le commencement de la chute du dictateur égyptien jusqu’alors craint.

Les grèves des travailleurs travailleuses de Mahalla contre le régime du président expulsé gagnèrent une vaste popularité. Il est accepté par de nombreux militants et analystes en Egypte que ces dernières contribuèrent de façon significative à la préparation du terrain pour le déclenchement de la révolution du 25 janvier [2011]. (Traduction A l’Encontre)

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