La colère des ouvriers du textile ne tarit pas au Cambodge, après le renvoi de centaines de leurs collègues grévistes par une usine. Près de 4 000 d’entre eux ont manifesté en signe de protestation, jeudi 5 septembre, dans les rues de Phnom Penh.
Selon les syndicats, l’usine SL Garment Processing, détenue par le singapourien SL International Holdings et qui fournit de grands noms de l’habillement tels que Gap ou H&M, a licencié mercredi 720 ouvriers et en a suspendu 5 000 autres, à l’issue d’une grève de deux semaines.
Les ouvriers avaient cessé de travailler après une visite d’inspection menée par un responsable de l’usine escorté par des policiers armés, une mesure destinée à intimider les travailleurs, selon les syndicats.
Les ouvriers ont défilé jeudi sur une dizaine de kilomètres, de l’usine à la mairie de Phnom Penh, pour pousser le gouvernement à intervenir dans ce conflit social.
« Nous voulons que l’usine autorise les ouvriers à reprendre le travail, a déclaré à la presse Ath Thorn, président de la coalition des syndicats démocratiques des travailleurs du textile. S’ils veulent fermer l’usine, il leur faut payer des compensations, en conformité avec la loi. »
« La grève était illégale », a répliqué Meas Sotha, un investisseur cambodgien qui a des parts dans l’usine, ajoutant que la visite d’inspection en compagnie de policiers armés n’avait pas pour but d’intimider. Le groupe textile versera des indemnités aux ouvriers licenciés et le travail reprendra lundi pour les autres, a-t-il ajouté.
SOUS-ALIMENTATION ET SURMENAGE
Le secteur textile, crucial pour l’économie cambodgienne, emploie quelque 650 000 ouvriers, dont 400 000 pour des sociétés exportatrices. Les manifestations se sont récemment multipliées pour dénoncer les conditions de travail. Les syndicats se plaignent notamment d’évanouissements collectifs, attribués à la sous-alimentation et au surmenage.
Dans une étude publiée en juillet, l’Organisation internationale du travail soulignait que les conditions du travail des ouvriers cambodgiens s’étaient de nouveau détériorées. Le royaume a échoué à faire des progrès dans des secteurs clés comme la sécurité des ouvriers, la sécurité incendie et le travail des enfants, précisait l’organisation. « Nos données montrent qu’après une amélioration régulière des conditions de travail de 2005 à 2011, les conditions désormais se détériorent », notait cette étude.