La protestation des femmes de chambre contre la sous-traitance dans l’hôtellerie a gagné le cinq étoiles Park Hyatt Paris-Vendôme après les mouvements qui ont touché récemment deux établissements du groupe Louvre Hôtels, obligeant la profession, soucieuse de son image, à réfléchir sur son organisation du travail.
Près de 300 salariés y travaillent, mais 65 sont employés par une société prestataire de services. Ce sont principalement des femmes de chambre, des gouvernantes, des valets et des équipiers.
Ceux-ci réclament « l’embauche immédiate des salariés (par le groupe Hyatt), le 13e mois et le paiement de toute heure supplémentaire », a indiqué Claude Levy (CGT). « Il est inacceptable de constater dans un palace des violations quotidiennes du Code du travail et un statut social aussi bas », a-t-il ajouté.
« Nous ne sommes pas des parias. Nous avons le même patron, nous voulons le même statut », scandaient jeudi dernier une cinquantaine de salariés en grève à l’entrée de l’hôtel de la rue de la Paix. Flanqués de drapeaux rouges de la CGT et du CNT, les grévistes distribuaient des tracts à la clientèle pour expliquer leur mouvement.
« Nos conditions de travail sont déplorables. C’est de l’esclavage moderne. Nous sommes payées à la tâche et non à l’heure. On peut même nous obliger à venir travailler pendant nos jours de repos », témoigne auprès de l’AFP Debora Follot, femme de chambre de l’hôtel cinq étoiles.
Selon elle, « dans les hôtels de luxe, les femmes de chambre travaillent à deux, ici nous sommes seules, c’est épuisant. Nous avons toutes des maux d’épaule et de dos ».
Mais, « le travail le plus dur, c’est celui des équipiers qui s’occupent des déménagements », souligne Mme Follot, expliquant que , récemment, « un prince du Qatar était venu avec tous ses meubles » qu’il fallait donc installer.
Les salariés en grève jeudi dernier menacent de recommencer « à partir du 20 septembre, juste avant la fashion week et pour une grève illimitée ».
Interrogée par l’AFP, la direction du palace a dit « espérer que cette situation sera rapidement résolue et ce, dans les meilleures conditions possibles ».
Stéphane Fouré, directeur des ressources humaines (DRH) de l’entreprise prestataire, la société Française de services, a de son côté confirmé « l’ouverture de négociations sur un 13ème mois », sans plus de précisions.
Victoire de 22 femmes de chambre
Ces salariés de la sous-traitance ont été encouragés par la récente victoire des 22 femmes de chambre et gouvernantes des hôtels Campanile et Première classe de Suresnes (Hauts-de-Seine), intégrées à compter du 1er août au sein de leur société, le groupe Louvre Hôtels, propriétaire des deux établissements.
Elles étaient payées à la chambre par l’entreprise sous-traitante Deca qui estimait qu’il était possible de faire plus de 4 chambres à l’heure. Cette organisation du travail entraînait pour ces femmes, la plupart mères de famille et immigrées d’Afrique, des cadences infernales et des heures supplémentaires non payées.
« Après 28 jours de grève en mars-avril 2012, elles ont obtenu la fin de la rémunération à la tâche, une nette augmentation et l’installation d’une pointeuse », explique M. Levy.
« Mais en apprenant que Deca était en redressement judiciaire, elles ont à nouveau revendiqué leur intégration et l’ont obtenue », se réjouit le syndicaliste engagé dans ce combat depuis plus d’un an.
La direction du groupe Louvre Hôtels, qui compte 500 hôtels en France et 6.000 salariés, présente l’intégration de ces femmes comme « un test » qu’elle pourrait étendre à d’autres établissements.
« Nous nous sommes donné un an pour voir si cela fonctionne mieux. L’idée, c’est d’essayer ce nouveau mode d’organisation du travail puisque nous sommes encore majoritairement en nettoyage sous-traité », a affirmé à l’AFP Emmanuelle Greth, DRH du groupe, où 60% du nettoyage est confié à la sous-traitance.
Parallèlement, syndicats et direction travaillent à « une charte sociale pour mieux encadrer le recours aux prestataires », indique Mme Greth.
SOURCE : http://www.varmatin.com
Sylvie, 35 ans, femme de chambre au palace Hyatt pour 1217 euros par mois.
Employés par un sous-traitant, Sylvie et ses collègues ont obtenu en partie gain de cause après quatre jours de grève. Elle nous ouvre son porte-monnaie de smicarde.
Article sur Rue 89
http://www.rue89.com/2013/09/25/sylvie-35-ans-femme-chambre-palace-hyatt-1217-euros-mois-246023