INCENDO
Sur le rapport entre genres & classes. Revue de presse & textes inédits
Mouvement contre la réforme des retraites (2010). Brèves générales du mouvement à Avignon
Categories: Grèves, Monde : France

Article paru dans Incendo, n° 5, novembre 2010. Journal distribué localement (Avignon) lors de la manifestation du 23 novembre 2010.

 

Blocus du lycée Aubanel, Avignon, 20 octobre 2010

Blocus du lycée Aubanel, Avignon, 20 octobre 2010

 

Brèves générales du mouvement

On trouvera ici une recension, non exhaustive, d’événements survenus autour d’Avignon entre septembre et novembre 2010, lors du mouvement dit « contre la réforme des retraites ». Elle a été réalisée à partir d‘infos trouvées dans la presse bourgeoise locale, sur des sites de syndicats ou d’après des témoignages directs. Les actions ont dans leur très grande majorité été organisées par l’intersyndicale de Vaucluse où le poids de l’UD-CGT était très important. C’est d‘ailleurs cette dernière qui « fournissait » la majorité des militants présents (surtout cheminots) et une part grandissante des manifestants dans les cortèges. Les actions étaient en général assez bien organisées et très encadrées par les responsables CGT, laissant très peu de place à d’éventuelles initiatives de la base (nous soulignons dans les brèves les principaux syndicats représentés lors des actions, ce qui n’exclue pas la présence, réduite, d’autres syndicalistes ou de non-syndiqués).

Seuls les lycéens ont pu bien souvent mener des actions autonomes sans encadrement (l’UNL étant d’ailleurs quasi-inexistante). Mais n’ont pu échapper à de stupides petits chefs qui ont néanmoins eu bien des difficultés à tenir leurs troupes. Les « débordements » étaient fréquents lors des manifs sauvages, mais aussi lorsque des élèves d’autres bahuts (notamment des lycées pro) arrivaient pour tout bloquer et jetaient des projectiles contre les jaunes. D’où les protestations des petits bourgeois démocrates (souvent plus favorables à de consensuels barrages filtrants) qui les appelaient « ceux qui viennent des quartiers », ou « casseurs » pour la presse. Bonne lecture.

 

Lundi 6 septembre

Grève dans l’éducation nationale.

 

Mardi 7 septembre

Avignon : manif de 25 000 (syndicats) ou 4 000 (police) personnes.

 

Jeudi 23 septembre

Avignon : manif de 30 000 (syndicats) ou 6 500 (police) personnes.

 

Vendredi 24 septembre

Avignon : manif des élèves infirmiers (contre leurs conditions de travail, locaux insalubres).

 

Samedi 2 octobre

Avignon : manif de 30 000 (syndicats) ou 6 800 (police) personnes.

 

Jeudi 7 octobre

Avignon : blocage des lycées René-Char, St Joseph, Mistral et Aubanel. Tentative au lycée professionnel (LP) Robert-Schuman. Les profs du collège Jean Brunet décident d’une grève tournante et de ne pas informer l’administration à l’avance des heures où ils feront grève. Grève des infirmières anesthésistes à l’hôpital d’Avignon.
Vedène : tentative de blocage au LP.
Carpentras : blocage au lycée Victor-Hugo et au lycée agricole Louis-Giraud de Serres.
L’Isle-sur-la-Sorgue : manif de 150 élèves du lycée Benoit.
Orange : blocage du Lycée de l’Arc et perturbations aux lycées professionnels de l’Argensol et Aristide-Briand.
Sorgues : refus de certains élèves du LP d’aller en cours, poubelles renversées, pierres jetées contre le lycée. Quatre lycéens sont interpellés par les gendarmes et placés en garde à vue (libérés dans la journée ; l’un d’entre eux fait l’objet d’un rappel à la loi).

 

Vendredi 8 octobre

Avignon : blocus au lycée René-Char et au LP Maria-Casares.
Carpentras : blocage au lycée Victor-Hugo et au lycée agricole Louis-Giraud de Serres.
Orange : blocage du Lycée de l’Arc.
Vedène : tentative de blocage au LP.

 

Lundi 11 octobre

Avignon : blocage au LP Schuman ; le proviseur, qui a reçu des cailloux, dénonce « 20 minutes de pure violence irrationnelle » et la présence d’une centaine de « casseurs » extérieurs : abris-bus détruit, poubelles enflammées, voitures caillassées, un camion de fruits et légumes livrant le ED voisin dévalisé. Les flics dépêchés sur place sont caillassés. Blocages à Aubanel, St-Vincent de Paul et Mistral (situation tendue avec des « casseurs » bloquant les entrées et foutant le feu aux poubelles). Manif sauvage de 100 à 150 élèves d’Aubanel (jets de barrières, poubelles sur la route, etc.) vers Mistral où ils érigent une barricade.
Cavaillon : blocus aux lycées Alexandre-Dumas et Dauphin.

 

Mardi 12 octobre

Avignon : manif de 35 000 (syndicats) ou 8 000 (police) personnes, dont 2 à 3000 lycéens en tête de cortège, très encadrés par des parents d’élèves, la BAC et le SO syndical. A la fin, 2 000 d’entre eux partent en manif sauvage en direction de la marie (une centaine à l’arrivée). Seuls 5 TGV sont partis vers Paris et un TER vers Nîmes. Blocages des lycées Aubanel, Mistral, Saint-Vincent-de-Paul et Saint-Joseph (également à Carpentras et Orange).
Saint-Rémy : manif de lycéens.
Le Pontet : début d’une grève reconductible à l’IME l’Olivier (Institut médico-éducatif).
Avignon : dans la soirée, filtrage et tractage sur un axe routier de Courtine, par une soixantaine de militants CGT.
Montélimar : manif de 6 000 personnes. Une centaine de manifestants (syndiqués ou pas) force la porte d’entrée de la mairie, pénètre dans le bâtiment et saccage le bureau du député-maire UMP.

 

Mercredi 13 octobre

Carpentras : grève des 23 salariés de la cave des Chais Beauvalière menacée de fermeture. Occupation jours et nuits empêchant l’entrée ou la sortie de marchandises.
Avignon : France Télécom et cheminots en grève reconduite. Début de la grève reconductible au CH de Montfavet. Blocus aux lycées Mistral, Jean-Vilar de Villeneuvelès-Avignon, Robert Schuman, et Saint-Vincent-de-Paul : barricade de poubelles, jets d’oeufs, de bombes de déodorant et d’un extincteur.

 

Jeudi 14 octobre

Bollène : tentative de blocus au lycée Lucie Aubrac et manif sauvage.
Avignon : blocus, barricades et jets de projectiles aux lycées Aubanel, Saint-Vincent-de-Paul et Schuman. Blocus à Mistral et Saint-Joseph, tentative à La Salle.
Blocus aux lycées de Carpentras, Orange, Bollène, l’Isle/Sorgues, Pertuis et Villeneuve-lès-Avignon.

 

Vendredi 15 octobre

Carpentras : blocage des trois lycées. Victor-Hugo est débloqué par la police. La chef d’établissement refuse aux élèves l’organisation d’une AG dans le lycée et les menace de conseils de discipline.
Avignon : la plupart des blocages de lycées sont levés. A Aubanel, une dizaine de jeunes « avec des capuches et des écharpes sur le nez » jette des pétards et des fumigènes. Idem à Louis-Pasteur où six lycéens sont interpellés. Plus tard, 200 lycéens partent en manif sauvage en direction du commissariat. Ils pénètrent dans la cour et tentent de rentrer dans le bâtiment mais reculent devant le déploiement des flics. Au retour, ayant trouvé un carton de bombes de peinture sur un chantier, ils taguent tout sur le passage.
Orange : plusieurs centaines d’élèves des lycées de l’Arc, d’Argensol et d’Aristide-Briand manifestent.
Bollène : des lycéens bloquent l’entrée du collège Boudon à l’aide de caddies et de poubelles. Un cortège de lycéens et collégiens part à destination de l’hôtel de ville. Quelques jets de projectiles sur les keufs.
Cavaillon : blocage de Dauphin et Dumas et manif lycéenne en centre-ville.
Pertuis : le lycée Val-de-Durance est bloqué.
Vaison : manif de lycéens.
Avignon : grève reconductible aux impôts et barrage filtrant à l’entrée de la cité administrative.
Marcoule : blocage de l’entrée du site nucléaire par 300 salariés d’AREVA et d’entreprises sous-traitantes.

 

Samedi 16 octobre

Avignon : manif de 25 000 (syndicats) ou 7 500 (keufs) personnes. A la fin, tentative d’AG interpro sur l’esplanade Saint-Bénézet.

 

17-18 octobre

Le Pontet : pendant une bonne partie de la nuit 70 militants CGT et CFDT bloquent les entrées de la société de transport TFE (500 véhicules approvisionnant les grandes surfaces), puis bloquent le passage des poids lourds au péage Avignon-nord.

 

Lundi 18 octobre

Avignon : tentative d’AG interpro place du Petit-Palais. Blocus au lycée Pétrarque.
Carpentras : blocage au lycée Louis-Giraud ; les flics empêchent celui de Victor-Hugo.

 

Mardi 19 octobre

Avignon : manif de plus de 35 000 (syndicats) ou 7 000 (poulets) personnes. La plus grosse manif jamais vue dans cette ville, disent syndicats. A la fin, les lycéens, en tête de cortège, partent en manif sauvage, tentent de débrailler les amphis de la fac, puis décident d’aller occuper la permanence UMP. Mais les chefs autoproclamés détournent le cortège pour rejoindre la manif des salariés. 14 h : AG de l ‘éduc, mais « ouverte à tous » à Mistral à l’appel de la FSU. 15 h 30 : à l’appel de l’intersyndicale, 400 personnes bloquent les neuf accès de la zone commerciale d’Auchan-nord et celui d’Ikéa pendant près de 3 h. Aux propositions de plusieurs grévistes, CNT et non affiliés de poursuivre par un péage gratuit (autoroute à 5 mn à pieds), beaucoup répondent « c’est une bonne idée, mais c’est pas possible, l’intersyndicale a pas prévu ça ».

 

19-20 octobre

Cavaillon : une centaine de personnes bloque 150 camions de la zone artisanale et la plateforme colis jusqu’à 3 h du matin.

 

Mercredi 20 octobre

Avignon : 5 h 30, une trentaine de militants CGT et CFDT bloque le dépôt de bus de la TCRA et de Transdev, en Courtine. Barrage levé à 9 h 15. 14 h : des militants CGT bloquent la production de la cave Ogier, pour soutenir une déléguée syndicale menacée de licenciement. 17 h : rassemblement de 250 personnes devant le Palais des papes où se trouve le président du Sénat (pour le congrès national des départements).
Mazan : blocage du collège Malraux par un amoncellement de poubelles.

 

Jeudi 21 Octobre

Avignon : blocus aux lycées René Char et Aubanel. 10 h : à l’appel de l’intersyndicale, quatre cortèges partent de différents points de la ville pour converger (5 000 personnes) devant le Palais des papes où se termine le congrès national des départements (la présence d’Hortefeux était prévue). Les congressistes cravateux sortent sous la protection des gardes mobiles et sous les huées et les insultes. 15 h : l’AG des cheminots des rotondes vote la « modification des modalités » (la fin de la grève reconductible).
Orange : tentative de blocus du lycée de l’Arc stoppée par l’intervention des keufs.
Carpentras : blocus et tentative de blocus sur les trois lycées, puis manif dans le centre ville.

 

Vendredi 22 octobre

Le Pontet : de 7 h à 10 h 30, 100 à 200 personnes font un blocage filtrant de la RN7 devant la SEPR (où un plan de licenciement de 96 personnes est en cours). Très gros embouteillage.

 

Samedi 23 octobre

Début des vacances de Toussaint.
Vaison-la-Romaine : rassemblement de 250 personnes devant la mairie à l’appel de l’UL CGT, puis manif improvisée dans la ville.

 

Lundi 25 octobre

Avignon : 6 h du mat’, 50 personnes retardent le départ de deux TGV à destination de Paris d’une dizaine de minutes. 9 h 30 : tentative de blocage du centre commercial Mistral 7. Les manifestants (une centaine), ne s’estimant pas assez nombreux, réalisent juste un tractage.

 

Mercredi 27 octobre

Avignon : première « AG de luttes » (voir p. 19-22).

 

Jeudi 28 octobre

Avignon : 10 h, 150 manifestants se rassemblent devant la CCI. Les cheminots CGT murent symboliquement une des portes du bâtiment. Heureusement pour le moral, des grévistes d’EDF coupent l’électroc à la CCI (et au quartier). 14 h : en pleine vacances scolaires, manif de 20 000 (syndicats) ou 4 000 (police) personnes. 17 h : « péage gratuit » à l’initiative de l’AG de lutte. Une quarantaine de personnes lève les barrières pendant 20 minutes sous l’oeil des gendarmes. Lorsque ceux-ci commencent à s’énerver, tout le monde se replie . Les manifestants traînant un peu, les bleus procèdent à deux contrôles identité. A l’origine, l’intersyndicale avait appelé à une distribution de tracts aux péages d’Avignon-nord et sud. Ayant appris qu’un « groupe étranger » y prévoyait un péage gratuit, la CGT annule son opération sans pour autant l’annoncer publiquement (en fait, elle aurait surtout craint une trop faible mobilisation de ses militants).

 

28-29 octobre

Le Pontet : minuit, une cinquantaine de militants CGT et SUD bloque pendant 3 h les entrées du dépôt de l’entreprise Dispam (qui alimente en produits frais restaurants et établissements de bouche et a connu en juillet dernier un conflit social dur). Demande de réintégration de plusieurs salariés licenciés. Pour permettre à ses camions de sortir, le patron de la boite fait abattre 20 m de clôture, ce qui met fin au blocage.

 

Vendredi 29 octobre

Avignon : 2ème « AG de lutte ».

 

Mardi 2 novembre

Le Pontet : l’AG de l’IME l’Olivier vote la fin de la grève.

 

Jeudi 4 novembre

Carpentras : fin de grève aux Chais Beauvalière. Les licenciements sont maintenus, mais les grévistes obtiennent une prime extra-légale et le paiement des jours de grève.
Le Pontet, Avignon : visite de « l’AG de lutte » à Pôle emploi (voir p. 23-26).

 

Samedi 6 novembre

Avignon : manif de 15 000 (syndicats) ou 3 700 (police) personnes. L’AG de lutte prévue à la fin de la manif, place Crillon, n’a pas lieu car les manifestants se rendent devant le Palais des papes pour une seconde et très agitée manif (voir article p. 27).

 

Mardi 9 novembre

Grève nationale des salariés de Pôle Emploi contre des suppressions de postes et pour des embauches. Dans le Vaucluse, toutes les agences sont fermées.

 

SOURCE : Incendo, n° 5, novembre 2010.

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