Déjà victimes dans les situations de travail, les femmes sont les grandes perdantes des refontes des régimes de retraite.
Différentes études ont mis en évidence les profondes inégalités entre hommes et femmes face à ta retraite. Les pensions de droit direct sont en moyenne deux fois moins élevées pour les femmes (782 euros par mois en 2004). Même en intégrant les droits dérivés (les pensions de réversion), les pensions des femmes restent intérieures de 38 % à celles des hommes (1636 euros pour les hommes et 1020 euros pour les femmes). Ces inégalités de pensions reproduisent les inégalités constatées sur le marché du travail : salaires inférieurs, carrières moins longues et discontinues. Mais les réformes de 1993 et 2003 ont considérablement accru ces inégalités, parce que l’allongement de la durée de cotisation et la prise en compte des « 25 meilleures années » dans le privé pénalisent les carrières courtes, le recours au temps partiel, les contrats précaires, les fins de carrière au chômage ou à temps incomplet, et dévalorisent davantage les pensions féminines.
Le rapport du COR montre que ces inégalités sont appelées à perdurer, malgré la forte montée de l’activité féminine et des droits à pension qui y sont associés. En effet, l’accroissement de l’activité féminine est dû au temps partiel (en équivalent temps plein les taux d’activité des femmes stagnent, voire baissent pour les générations nées en I960), et les différences de salaire entre hommes et femmes ont cessé de se réduire.
Les risques de paupérisation des femmes retraitées concernent en premier lieu les femmes qui ne vivent pas en couple au moment de leur retraite, et dont le nombre progresse fortement du fait de l’évolution des modèles conjugaux (montée des divorces et du célibat). Ce phénomène est mis en valeur par l’arrivée à l’âge de la retraite de générations qui ont été affectées par ces évolutions, et qui le seront de plus en plus.
SOURCE : Le Combat syndicaliste, n° 383, octobre 2013, p. 2