Le Parlement européen veut accroitre la parité dans les conseils d’administration des entreprises cotées en bourse. En 2020, ces sociétés devront compter 40% de femmes dans leur conseil d’administration.
Ces grandes entreprises, elles sont 5.000 en Europe, ont six ans devant elles pour repérer et recruter leurs futures dirigeantes. Le Parlement européen, avec le plein soutien de Viviane Reding, la commissaire en charge de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté, réclame des équipes mixtes en 2020. Pour l’eurodéputée conservatrice Mariya Gabriel, il faut briser le plafond de verre. Il est dommage, en effet, « de se priver du capital humain que représentent toutes ces femmes« , soulignait l’élue bulgare en séance à Strasbourg.
Pour renforcer la place des femmes, le Parlement table sur la règle des quotas. L’eurodéputée socialiste Sylvie Guillaume siège dans la commission des droits de la femme et de l’égalité de genre. Elle estime que sans ce minima de 40%, la mixité ne se fera pas naturellement : « on ne peut plus attendre des centaines d’années, les quotas sont là pour forcer le destin« . A Strasbourg, les auteures de ce rapport, Evelyn Regner et Rodi Kratsa-Tsagaropoulou, ont aussi dénoncé les réseaux de chefs d’entreprise (« old boys clubs« ) qui se cooptent les uns les autres dans les équipes dirigeantes des grandes sociétés, au lieu de promouvoir la diversité.
Les députés préconisent une application souple de ces quotas. Ils laissent les états déterminer eux-mêmes les sanctions à infliger aux sociétés qui ne respecteront pas la règle, sanctions ou interdiction de participer à des appels d’offres publics. Le Parlement aimerait que les PME non cotées en bourse se saisissent à leur tour de cette initiative en faveur de la parité.
Pour le moment, dans l’Union européenne, on compte en moyenne 17% de femmes dans les conseils d’administration des grandes sociétés. Avec 27%, la France est en 3ème position derrière la Finlande, 29%, et la Lettonie. En bas de tableau, on trouve l’île de Malte, avec 3%.
Cette proposition de directive va être soumise aux ministres des 28 le 9 décembre. L’Espagne impose ce type de quotas depuis 2007. L’Italie et la Belgique ont emboîté le pas. L’Allemagne s’apprête à imposer 30% de femmes dans les conseils de surveillance des entreprises cotées. La France a dépassé le minima de 20% qu’elle s’est fixée en 2011. La loi prévoit 40% en 2017.
Hors de l’U.E., la Norvège a mis en place ce type de mesure en 2003. Elle a atteint le seuil de 40% en 2009. L’Islande pratique les quotas également.
Un reportage de Corinne Fugler à écouter sur France Info [sic]