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Une femme à la tête de General Motors

Mary Barra, une femme à la tête de General Motors

Mary Barra à la tête de General Motors: « C’est la fin du boys’ club »

C’est une grande première dans toute l’histoire de l’industrie automobile. Ce mardi, General Motors a annoncé la nomination de Mary Barra au poste de directrice générale. Une nomination qui marque la volonté de « changement et de diversité » du constructeur automobile.

Depuis l’annonce de sa nomination ce mardi après-midi, on ne parle plus que d’elle. Il faut dire que l’information est assez rare pour être soulignée. Mary Barra, 51 ans, vient d’être nommée à la tête de General Motors en remplacement de Dan Akerson. A partir du 15 janvier prochain, elle deviendra la première femme à diriger le plus gros constructeur automobile américain. Elle est même la première femme à diriger un géant automobile mondial. Dans la bataille contre le plafond de verre, c’est donc une forteresse du machisme qui vient de tomber…

« C’est un jour historique pour General Motors et pour l’automobile », a commenté Michelle Krebs, analyste du site spécialisé Edmunds.com.

Actuellement vice-présidente du développement mondial des produits, des achats et de la chaîne d’approvisionnement du groupe, Mary Barra travaille chez General Motors depuis 33 ans. Sa nomination au poste de directrice générale n’est donc pas vraiment une surprise. Elle faisait d’ailleurs partie de la short list des candidats possibles.

« Compte tenu de son rôle dans le développement de produits, cette décision a beaucoup de sens », explique un chercheur spécialiste des investissement au Morningstar Inc., avant d’ajouter: « Elle peut être compétente pour prendre des décisions au niveau du développement des produits comme sur l’ingénierie mais également sur le budget, tout en gardant l’équilibre entre ce que les ingénieurs veulent et ce que les gens du marketing veulent ».

Pour le New York Times, cette nomination illustre « la façon dont le constructeur automobile engage le changement et la diversité ».

La fin du « boys’ club »

Ce mardi, Dan Akerson a affirmé que la vision de General Motors comme un « boys’ club » était « datée ». « 25% de nos usines sont gérées par des femmes, nous avons quatre femmes à notre conseil d’administration » et des femmes « au comité de direction », a-t-il expliqué.

Selon lui, « Mary Barra n’a pas été choisie pour faire politiquement correct mais parce qu’elle est probablement « l’un des dirigeants les plus talentueux que j’ai jamais rencontrés ».

Grâce à cette nomination, Mary Barra rejoint le club très fermé des femmes nommées à la tête de grandes sociétés américaines comme Virginia Rometty, directrice générale d’IBM, Indra Nooyi, directrice générale et présidente du groupe PepsiCo, ou encore Marissa Mayer, PDG de Yahoo.

Deux principales missions pour Mary Barra

Dan Akerson, qui a avancé son départ pour être aux côtés de sa femme atteinte d’un cancer, était directeur général de GM depuis septembre 2010 et PDG depuis le 1er janvier 2011.

Il était entré au conseil d’administration (CA) en juillet 2009 comme représentant du Trésor américain, au moment du dépôt de bilan du constructeur et de sa restructuration sous l’égide de l’Etat, qui a injecté près de 50 milliards de dollars d’aides pour surmonter une grave crise du secteur automobile.

Dan Akerson a notamment supervisé le retour en Bourse réussi du groupe en novembre 2010. L’action GM a longtemps coté sous son prix de retour en Bourse de 38,00 dollars mais elle valait mardi 40,56 dollars vers 17H40 GMT (-0,83%), proche de son sommet depuis cinq ans.

Après avoir accumulé des pertes abyssales les années précédentes, GM est revenu aux bénéfices en 2010, tiré par l’Amérique du nord, même si l’Europe, son talon d’Achille, reste largement dans le rouge.

Signe de son redressement, GM a également tourné la page douloureuse de la tutelle de l’Etat, qui lui avait valu le surnom de « Government Motors ». Ce lundi, le Trésor a annoncé qu’il avait vendu le restant de sa part dans le constructeur, soldant un investissement qui a coûté 10 milliards de dollars (7,5 milliards d’euros) aux contribuables américains. Mais il est vrai que la nationalisation temporaire a permis de sauver 1,5 million d’emploi et de lever plus de 39 milliards de dollars d’impôts qui n’auraient pas été perçus si l’entreprise était morte.

« Mary Barra fait partie de ceux et celles qui ont mené le redressement du groupe, la revitalisation de ses produits », précise GM dans son communiqué.

A partir du 15 janvier, Mary Barra devra notamment finir le redressement en Europe et réduire encore les coûts. Pour La Tribune, le groupe doit encore trouver une stratégie cohérente sur le Vieux continent.

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