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Science-fiction & féminisme
Categories: Féminismes

Féminisme et science-fiction 02

SFRA 2014 : Feminism, Fans, and the Future

SFRA 2014: Feminism, Fans, and the Future: Traveling the Shifting Worlds of Writers, Readers, Gender, and Race in Science Fiction

Le colloque annuel de la SFRA de 2014 se déplace à Madison (Wisconsin) pour se joindre à la WisCon, « la principale convention de science-fiction féministe dans le monde », au week-end du Memorial Day en 2014. La SFRA 2014 prendra pour sujet l’histoire et la pratique de la science-fiction féministe de même que la science-fiction qui subvertit la différence des sexes. L’alliance des deux conventions fournira l’occasion d’examiner les communautés de fans et leurs productions, et les études académiques de ces communautés.

SOURCE : RES Futurae

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Féminisme et science-fiction: ouverture

Alors qu’a paru en février dernier l’ouvrage de Carlen Lavigne, Cyberpunk Women, Feminism and Science Fiction, il apparaît intéressant de proposer une bibliographie d’études consacrées aux rapports entre le féminisme et la science-fiction.

La science-fiction a souvent été épinglée pour avoir reflété les mentalités de la société de l’époque et pour avoir donné des représentations sexistes des femmes et des rapports entre les sexes. De nombreux auteurs ont cependant su dépasser les stéréotypes et imaginer des situations où la condition féminine échappait aux déterminations de genre. Ce sont presque toujours des femmes de lettres qui ont porté la réflexion sur le sujet.

Leurs œuvres peuvent dénoncer l’oppression et l’exploitation des femmes, comme La Servante écarlate de Margaret Atwood, La Planète aux vents de folie de Marion Zimmer Bradley ou La Parabole du semeur d’Octavia Butler.

D’autres montrent des sociétés égalitaires, comme  La Main gauche de la nuit d’Ursula Le Guin, Le Serpent du rêve de Vonda McIntyre, ou les romans de C. J. Cherryh.

D’autres encore imaginent des sociétés qui inversent le rapport de force, comme Le Rivage des femmes de Pamela Sargent, Un monde de femmes de Sheri S. Tepper,  Chroniques du Pays des Mères d’Elisabeth Vonarburg ou Pollen de Joëlle Wintrebert.

De leur côté, les romans inclassables Les Guérillères de Monique Wittig, L’Autre Moitié de l’homme de Joanna Russ et Woman on the Edge of Time de Marge Piercy, présentant alternativement au sein de la même œuvre dystopie et utopie féministes, combinent les trois types de récits.

Plusieurs auteurs masculins ne sont pas en reste, comme R. A. Heinlein (Révolte sur la Lune), Theodore Sturgeon (Vénus Plus X), Samuel Delany (Babel 17), John Varley (Le Canal Ophite), ou Greg Egan.

Enfin, il ne faut pas oublier les récits précurseurs, comme Herland de Charlotte Perkins Gilman (1915), ni que Mary Shelley, auteure de Frankenstein et du Dernier Homme, était la fille de la féministe Mary Wollstonecraft, qui a écrit la Défense des droits de la femme (1792).

Si le sujet a donné lieu à la publication de nombreux ouvrages dans le monde anglo-saxon, et fait partie des sujets d’études reconnus en science-fiction et dans d’autres genres, dans le monde francophone, la réflexion vient surtout du Québec. En France, on ne peut dénombrer qu’un ouvrage sur l’utopie féministe et quelques articles.

Un prix en hommage à James Tiptree Jr. (pseudonyme d’Alice B. Sheldon) a été créé en 1991 pour récompenser des œuvres de science-fiction ou de fantasy qui « agrandissent ou explorent notre compréhension du genre ». Parmi les romans qui ont reçu ce prix, certains chefs-d’œuvre n’ont de manière inexplicable toujours pas été traduits en français, tels que China Mountain Zhang de Maureen McHugh, Ammonite de Nicola Griffith ou Air de Geoff Ryman.

30 mars 2013

SOURCE : http://resf.hypotheses.org

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