Les ouvriers parqués dans la précarité
Des conditions de vie difficiles
La compagnie électronique Samsung, située dans la province de Bac Ninh, a pourtant construit un pensionnat pour ses ouvriers. Problème, il ne répond qu’à un tiers des besoins. «Je n’ai pas de place dans cet internat. Je dois donc louer un logement à 10 km du centre du district. Après le travail, je n’ai aucune activité de loisir. Ici, aucune chambre à louer n’est équipée d’un poste de télévision», déplore la jeune femme.
La situation n’est guère plus reluisante du côté du couple de Nguyên Van H, ouvrier dans la zone industrielle de Dai An. Le foyer loue un logement dans la commune de Tiên Dông, district de Tu Ky, province de Hai Duong (Nord). Et ce sont des voisins qui s’occupent d’aller chercher leurs enfants après l’école, puisqu’eux doivent travailler tard dans la soirée.
«En raison de notre faible revenu et des mauvaises conditions de travail, nous avons beaucoup de mal à vivre», fait savoir M. Nguyên. «En raison des formalités complexes concernant les travailleurs migrants et du manque d’argent, les enfants des ouvriers doivent être confiés aux crèches privées peu coûteuses qui, pour la plupart, exercent leur activité sans permis», se plaint Mme Hoa, ouvrière employée dans la zone industrielle Bac Thang Long, à Hanoi.
«Cette situation n’est pas nouvelle dans les zones industrielles, estime Nguyên Thi Lan Huong, directrice de l’Institut des sciences du travail et de la société. Le manque de connaissances des travailleurs et le peu d’informations auxquelles ils ont accès font qu’ils sont nombreux à être exploités et à voir leurs droits non respectés».
Les droits bafoués
Autre problème : «leurs connaissances sur la loi les concernant étant pour le moins limitées, ils ne sont pas en mesure de défendre par eux-mêmes leurs droits», souligne l’avocat Dô Ngân Binh. Selon une récente enquête menée par l’Organisation internationale du travail (OIT), aucun travailleur des provinces de Thanh Hoa et Quang Ngai (Centre) souhaitant travailler à l’étranger ne dispose d’informations concrètes sur les frais ainsi que les règlements du gouvernement les concernant.
Parmi les 300 travailleurs interrogés, la moitié ne connaît aucune organisation officielle et 95% ignorent qu’ils ont le droit de conserver leur passeport lors de leur mission à l’étranger. En outre, deux travailleurs sur trois n’ont aucune information sur le rôle des syndicats dans la protection et la défense de leurs droits.
La compétition accrue, l’instabilité et/ou le salaire minimum dérisoire obligent les ouvriers à effectuer des heures supplémentaires qui nuisent à leur santé. L’enquête fait aussi état du très bas salaire, alors que les frais (logement, charges, services…) appliqués dans les zones industrielles sont à l’inverse élevés. Les litiges opposant les travailleurs à leurs employeurs sont monnaie courante dans les entreprises à participation étrangère en raison des rudes conditions de travail et du non-respect des patrons pour les droits légaux des ouvriers. Autant d’éléments qui rendent la vie des ouvriers précaire à tous points de vue, eux qui tentent simplement de subsister.