INCENDO
Sur le rapport entre genres & classes. Revue de presse & textes inédits
2040 : la fin du mariage

empire du soleil (1)

Comme l’a rappelé le débat sur le mariage pour tous, nombre d’entre nous aspirons à un même idéal, partageons une même représentation sociale normative : celle du couple, de la sacro-sainte famille nucléaire. La plupart d’entre nous aspirent à cet idéal : s’unir à quelqu’un et lui promettre de passer notre vie avec lui. Toutes nos références culturelles nous renvoient sans cesse cette image du couple (homme et femme, femme et femme, homme et homme, qu’importe…), sacralisée par des dispositifs juridiques et économiques qui le favorisent au détriment d’autres formes de vie sociale (le célibat ou les formes de vies communautaires, le plus souvent particulièrement condamnées). Et pourtant, l’on sait depuis plusieurs dizaines d’années que ce modèle bat de l’aile. Sera-t-il encore le modèle social dominant à la fin du siècle ? Rien n’est moins sûr…

Le mythe de la famille nucléaire

En fait, nos réalités sociales ne sont pas celles-ci, pour autant qu’elles l’aient jamais été. Pour l’éditorialiste, George Monbiot (@georgemonbiot), l’histoire de la famille a toujours été déformée par les conservateurs. Le mythe de la famille nucléaire, tel qu’idéalisé aujourd’hui, a été créé par les victoriens, rappelle-t-il. Son développement a plus été le fait de questions économiques que spirituelles, affectives ou morales, et a évolué à mesure que la révolution industrielle a rendu la fabrication, c’est-à-dire la production artisanale ou agricole au sein du ménage (ceux qui partageaient un même toit, sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté), non viable.

L’historien John Gillis dans son livre Un monde de leur propre fabrication : mythe, rituel et quête des valeurs familiales rappelle lui aussi que la famille nucléaire est une invention contemporaine. Jusqu’au 19e siècle, la famille désignait tous ceux qui vivaient dans la même maison, souvent sous l’autorité d’un « père » de famille, qui, la plupart du temps, n’avait pas de relation de parenté avec la plupart des gens qui dépendaient de son autorité. Les enfants appartenaient comme domestiques, apprentis et ouvriers à d’autres maisons que celle de leurs parents biologiques, qui eux-mêmes ne formaient pas un ménage en tant que tel. Dans son livre, Une histoire de l’enfance, Colin Heywood rapporte que le taux d’abandon d’enfants dans certaines villes de l’Europe du 19e était stupéfiant, pouvant atteindre jusqu’à un tiers ou la moitié de ceux-ci. Jusqu’au 19e siècle, le mariage n’était pas l’institution que l’on pense souvent. Même les naissances hors mariage étaient communes et ne portaient en fait pas à controverse. « La tradition familiale que les conservateurs invoquent est imaginaire. Le passé qu’ils invoquent est le résultat de leurs anxiétés et de leurs obsessions. Mais il n’a rien à nous offrir », conclut Monbiot.

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SOURCE : http://internetactu.blog.lemonde.fr

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