ETATS-UNIS. Viré de l’armée parce que transgenre
Les personnes ayant changé de sexe ne sont toujours pas autorisées à servir dans l’armée américaine. Quand son identité a été découverte, Landon Wilson a été débarqué.
A 25 ans, Landon Wilson est déjà un vétéran de la marine américaine. Il y a deux ans, il est convoqué par son commandant. « J’ai besoin de savoir exactement ce que tu es ? », lui lance son supérieur. Le soldat est transgenre : une fois la « vérité » connue, il est poussé vers la sortie, alors qu’il espérait une promotion.
La seule préoccupation du jeune homme alors âgé de 23 ans, est de savoir comment ses camarades vont se débrouiller en son absence en Afghanistan. « Quand tu es dans ce genre d’endroit, tu ne peux pas te permettre de perdre quelqu’un », raconte-t-il, interrogé par CBS News.
L’Afghanistan, la meilleure expérience de sa carrière
Né femme, Landon déclare se considérer comme un homme depuis qu’il a 3 ou 4 ans. Il se souvient du jour où il a annoncé à sa mère que « les trucs de filles » ne l’intéressaient pas. Pour lui, « le genre est complètement indépendant du sexe [biologique] ». Enrôlé comme femme, il commence à prendre des hormones pour changer de genre. Il prend alors l’apparence d’un homme. A l’armée, il occupe les quartiers masculins.
[L’Afghanistan] a été la meilleure expérience de ma carrière militaire. Ça a été probablement, le seul moment où j’ai su que je pouvais me concentrer à 100% sur mon travail, sans me soucier que mon genre rentre en compte », raconte le jeune homme.
Le cas de Landon Wilson n’est pas unique. Depuis 2011, l’armée américaine autorise dans ses rangs les gays, lesbienne et bisexuels. Une décision qui suit l’abrogation du « don’t ask, don’t tell » (« Ne demandez pas, n’en parlez pas »). Cette abrogation ne concerne pas les transgenres. De ce fait, ils sont obligés de garder le secret sur leur genre s’ils veulent rester dans l’armée.
Douze pays autorisent les soldats transgenres
Cette mise à l’écart des transgenres se base sur des analyses qui les considéraient autrefois comme des personnes souffrant de troubles mentaux. Aujourd’hui, une partie des médecins estime que les traitements peuvent aider les personnes souffrant de dysphorie de genre (perturbation de l’humeur) ou de détresse liée au genre qui leur a été attribué à la naissance.
En réalité, peu de pays autorisent des militaires transgenres. Seuls douze les laissent servir dans l’armée : l’Australie, la Belgique, le Canada, la République tchèque, le Danemark, l’Israël, les Pays-Bas, la Nouvelle Zélande, la Norvège, l’Espagne, la Suède et le Royaume-Uni, selon Palm Center, une association LGBT américaine. La France ne fait pas partie de la liste. Avec son témoignage, Landon Wilson espère pouvoir faire changer les choses.
Margaret Oheneba