INCENDO
Sur le rapport entre genres & classes. Revue de presse & textes inédits
USA : « quota implicite »

priscilla  6

Une femme a été promue dans votre entreprise ? Dommage pour vous !

Promouvoir une ou quelques femmes à des postes élevés suffit largement pour certaines entreprises. Une fois que le « quota » est atteint, les autres femmes voient leurs chances de prendre du galon se réduire de 50 %, selon une étude américaine.

Quand Sabine a enfin obtenu le poste de directrice qu’elle convoitait et pour lequel elle s’est battue à grand renfort d’heures supplémentaires pendant quatre ans, vos yeux ont brillé d’émotion et d’espoir. « C’est le début d’une nouvelle ère, plus égalitaire, plus juste », avez-vous songé, certaine que Sabine avait ouvert le chemin de l’ascension des femmes dans la hiérarchie de l’entreprise.

Détrompez-vous. Le fait d’avoir plus de hauts postes occupés par des femmes ne provoque pas forcément un appel d’air pour les autres. Au contraire, on claque plus volontiers la porte au nez des femmes candidates à une promotion après que l’une d’elles a accédé au Graal. Ce sont du moins les conclusions d’une étude de l’université du Maryland et de la Columbia Business School, conclusions relayées dans le NY Mag.

Les chercheurs se sont penchés sur les cinq plus hauts postes des 1500 plus grandes entreprises américaines et sur les personnes qui les ont occupés sur vingt ans. Premier constat : dès qu’une femme occupe un poste de management décisif, les chances que les autres femmes accèdent à un poste de même niveau chutent de 50 %. « Il semblerait qu’il existe une force qui repousse les femmes loin les unes des autres », explique Cristian Dezsö, l’un des coauteurs de l’étude. La femme promue « peut être d’une très grande aide pour les autres femmes, mais cela n’est pas un argument suffisant pour dépasser la résistance des directeurs hommes à promouvoir des femmes à des postes à responsabilité ». Si l’une d’elles réussit à percer le plafond de verre, celui-ci se referme derrière elle et devient encore plus infranchissable pour les autres femmes. De quoi alimenter la rivalité féminine qui sévit parfois en entreprise, surtout quand peu de bonnes places leur sont concédées.

Le NY Mag met en cause l’existence d’un « quota implicite » de femmes à des postes à responsabilité : après avoir nommé une femme à un haut poste, les directeurs considéreraient que « c’est assez » et renverraient sur le banc de touche les autres femmes qui pouvaient prétendre à une promotion. Une hypothèse que les chercheurs ont entendue. Ils ont toutefois spécifié que cette discrimination n’était pas consciente et était plus de l’ordre du « subliminal ». Selon eux, le problème vient du fait que l’entreprise se désintéresse de la question de la diversité aussitôt après avoir accompli une action dans ce sens. The job is done, en quelque sorte. Les femmes n’ont alors plus qu’à attendre derrière Sabine, devenue l’arbre qui cache la forêt.

SOURCE : Le Figaro Madame

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