En France, la durée de l’allaitement reste insuffisante
La durée moyenne de l’allaitement a presque doublé ces vingt dernières années, mais elle reste, d’après l’Inserm, en deçà des 6 mois recommandés par l’OMS.
Comment promouvoir efficacement l’allaitement en France ? De nouvelles données, publiées le 22 septembre par l’Inserm (1), pourraient s’avérer précieuses pour orienter les politiques publiques. Dans cette étude, réalisée sur un échantillon de 18 300 enfants nés en 2011, il apparaît que la durée de l’allaitement s’est allongée depuis les années 1990, passant d’une médiane située entre 8 et 10 semaines à une médiane de 17 semaines (environ 4 mois).
Elle reste cependant en deçà des recommandations. Or l’allaitement, qui couvre à lui seul les besoins nutritionnels du nourrisson, a également des effets bénéfiques sur la santé.
Six mois d’allaitement exclusif
Ainsi, l’Organisation mondiale de santé (OMS) recommande 6 mois d’allaitement exclusif (suivi d’un allaitement partiel jusqu’à 2 ans) tandis qu’en France, le programme national nutrition santé (PNNS) préconise un allaitement si possible jusqu’à six mois – et au moins jusqu’à 4 mois.
Selon les chercheurs de l’Inserm, 70 % des mères choisissent d’allaiter leur enfant à la naissance. Toutefois cette proportion tombe à 54 % lorsque l’enfant atteint l’âge d’un mois. À six mois, seules 19 % des mères allaitent encore leur enfant, dont 9,9 % de manière prédominante (c’est-à-dire sans compléter le lait maternel par des préparations infantiles ou du lait animal).
Facteurs sociaux et culturels
Les caractéristiques socioculturelles des mères comptent, souligne l’étude. « Les mères de moins de 30 ans, vivant seules ou en couple sans être mariées », ainsi que celles ayant un faible niveau d’études, allaitent moins longtemps. La perspective de reprise rapide d’un emploi joue également.
À l’inverse, l’allaitement est plus long chez les mères ayant un statut de cadre, avec une corrélation entre le niveau de revenu élevé du foyer et la plus grande durée de l’allaitement.
Sans surprise, les femmes en congé parental « ou souhaitant reprendre le travail plus de 18 semaines après leur accouchement », ont nourri plus longtemps leur bébé au sein. L’Inserm ajoute que le surpoids et l’obésité ainsi que le tabagisme sont associés à un arrêt plus rapide de cette pratique.
Enfin, le rôle du père n’est pas à négliger. L’étude montre par exemple que sa présence lors de l’accouchement, est positivement corrélée à la poursuite de l’allaitement.
MARINE LAMOUREUX
(1) Étude parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut national de veille sanitaire (InVs)