INCENDO
Sur le rapport entre genres & classes. Revue de presse & textes inédits
Palestine : étudiantes frondeuses
Categories: Monde : MOAN, Violence

Edmund-Sullivan-1869-1933-0-6eagAffrontements en Israël : quand les filles palestiniennes se mêlent aux violences

«La patrie n’appartient pas qu’aux garçons!» Le visage couvert du keffieh, les filles palestiniennes ont décidé de se mêler aux violences en lançant pierres et slogans contre les soldats israéliens en Cisjordanie occupée.

«On constitue la moitié de la société, on a aussi le droit de défendre notre pays», lance une étudiante, dont seuls les yeux maquillés dépassent du foulard à carreaux noirs et blancs, au milieu de heurts avec les militaires à un check-point à la sortie de Ramallah.

Avec ses camarades, garçons et filles, cette Palestinienne de 18 ans qui porte un petit haut de mousseline rose, serre dans sa main aux ongles polis et vernis des cailloux ramassés en bord de route. « On a 18 ans, on est majeures, on n’a plus peur maintenant« , lance-t-elle, se refusant à donner son nom ou à se faire photographier.

«Si mes parents savaient que je suis là…» renchérit une autre, dont les longs cheveux dépassent du keffieh qui masque son visage, en passant son pouce sous son cou, mimant le geste d’un égorgement.

Même si sa famille n’approuve pas, pour elle, c’est «une question de conscience: si tout le monde a peur, personne ne va se sacrifier pour la patrie». Une patrie où «personne n’est en sécurité: les colons sont partout et nous attaquent», lance une autre manifestante, vêtue d’une longue robe en jeans bleue.

Absente aux premiers jours des violences, de plus en plus de filles se joignent aux garçons dans leur « lutte » contre l’occupation israélienne dans les villes de la Cisjordanie.

«La décision revient au peuple»

Ces filles assurent vouloir en finir avec le «harcèlement» des colons, les check-points et l’occupant. Pour cela il faut que «l’intifada continue parce que cela fait longtemps qu’on a arrêté d’écouter le président» Mahmoud Abbas, explique une étudiante en première année de littérature. «Il nous avait promis une bombe lors de son dernier discours et on n’a toujours rien vu», dit cette jeune fille au visage également couvert.

Cherchant à éviter l’escalade, Mahmoud Abbas a appelé au calme et depuis des mois se targue d’avoir arraché pour son peuple le statut d’Etat observateur à l’ONU et la levée de son drapeau au siège de l’ONU, mais cela ne suffit pas.

«La décision revient au peuple, moi je ne crois pas aux négociations», affirme, plus loin, une étudiante en comptabilité de 18 ans, alors que des décennies de pourparlers n’ont toujours pas donné naissance à un Etat de Palestine indépendant. Au même moment, une grenade assourdissante tirée par les soldats israéliens atterrit dans un sifflement, précipitant son départ et celui de ses amies.

Funérailles, rassemblements, attaque

Comme une volée d’oiseaux, elles se replient mais un peu plus loin, d’autres filles passent à l’action: cocktails Molotov ou pierres en main, elles montent en première ligne avec des garçons pour les lancer contre les soldats israéliens. Lors des funérailles des Palestiniens tués sous les balles des soldats israéliens, les filles sont aussi là.

Keffieh sur les épaules, habillées de robes traditionnelles palestiniennes brodées de rouge ou de pantalons slim dernier cri, elles scandent «Vers Jérusalem, nous fonçons, martyrs par millions», ou encore «Unité nationale: Fatah, Hamas, Front populaire», du nom des différents mouvements palestiniens.

Car dans les rassemblements des syndicats étudiants ou quand il s’agit d’aller manifester, les filles sont aussi là en nombre, au nom de tous les partis. A l’université de Bir Zeit près de Ramallah, elles sont plus nombreuses que les garçons –qui eux s’époumonent dans les micros et posent en premier plan, écharpes des différents mouvements autour du cou.

D’autres filles sont allées plus loin encore. L’une d’elle est aujourd’hui entre la vie et la mort après avoir tenté de poignarder un juif dans la Vieille ville de Jérusalem avant que l’homme ne lui tire dessus.

SOURCE : Le Parisien

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