Des femmes turques manifestent pour porter des shorts
Un mouvement de femmes a revendiqué le droit de porter des shorts, dans les rues d’Istamboul, dimanche ? Un moyen de protester contre l’agression d’une jeune femme dans le bus, le 12 septembre.
Des femmes ont manifesté pour revendiquer le droit de porter un short, dimanche, à Istamboul, en Turquie. Ce rassemblement a été organisé en réaction à l’agression de Aysegül Terzi, une jeune infirmière, dans un bus, il y a deux semaines. Un homme, interpellé depuis, avait violemment frappé la jeune femme au visage, sous prétexte que sa tenue vestimentaire n‘était pas « convenable ».
Les islamo-conservateurs au pouvoir
Pour Saadet Yesil, une comptable de 44 ans, « tout le monde a le droit de se vêtir comme il l’entend ! », a-t-elle témoigné à l’agence américaine Associated Press. Des hommes ont également rejoint la manifestation, à l’image d’Akin Ozcan Aksoy, un étudiant de 21 ans : « Évidemment, nous condamnons cette attaque, de telles choses ne devraient pas se produire, assure-t-il. Et nous devrions avoir la même réaction s’il arrivait la même chose à une femme voilée. Mais avec la direction que prend ce pays, j’ai bien peur qu’il y ait d’autres histoires comme celle-ci. »
La comptable turque a aussi accusé le Premier ministre turc Binali Yildirim de tenter de minimiser l’attaque. S’il a clairement dénoncé le geste de l’agresseur, dans le quotidien turc Hurriyet, la semaine dernière, il a aussi déclaré, d’une façon détournée et en une phrase, qu’il existait des vêtements inappropriés : « Vous pouvez ne pas aimer (la robe d’une femme), mais vous devez seulement vous plaindre, à ce sujet. »
Les critiques ont immédiatement fusé sur les médias sociaux : « Nous ne nous mêlons pas de la façon dont ces messieurs portent le turban, nous nous attendons qu’ils nous accordent la même courtoisie », scandait ainsi Saadet Yesil.
Davantage de violences faites aux femmes
Une autre protestation devait avoir lieu à Ankara, la capitale. Depuis l’arrivée au pouvoir des islamo-conservateurs, les femmes sont davantage incitées à porter le voile, malgré le principe de laïcité. L’agression du 12 septembre arrive après l’assassinat sauvage d’Özgecan Aslan, une jeune fille de 20 ans, en février 2015.
Quelques jours après ce drame, des hommes avaient choisi de marcher vêtus d’une jupe, afin de dénoncer les violences auxquelles les femmes sont confrontées dans le pays. « Ce n’est pas qu’une histoire de femmes, là où les femmes ne peuvent pas se sentir libres, bientôt les hommes ne se sentiront pas libres non plus », avait alors expliqué à l’AFP Mustafa Solay, l’un des manifestants.
Selon l’ONG « Stoppez les assassinats de femmes », 255 femmes auraient été tuées en dix mois dans le pays, en 2014. Un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente.