Une émission de France culture sur Christiane Rochefort:
Christiane Rochefort (1917-1998) : L’écrevisse combattante
Rebelle dans l’âme, Christiane Rochefort, sa vie durant, a lutté contre toute forme de domination, pour un monde meilleur. Dans « La Porte du fond » (Grasset, 1988), roman majeur sur l’inceste, prix Médicis l’année de sa parution, on y retrouve sa personnalité dans chaque mot, chaque ligne.
La Porte du fond (Grasset, septembre 1988) est un roman majeur sur l’inceste, couronné par le prix Médicis en 1988, qui décortique la mécanique de l’emprise d’un père sur sa fille, ou comment dire l’indicible par la puissance de la fiction. Derrière chaque mot, chaque ligne, on retrouve la personnalité de Christiane Rochefort qui, sa vie durant, a lutté contre toute forme de domination, pour un monde meilleur.
Écrivaine atypique, elle lui préférait le mot « écrevisse » (parce que « vaine »… vous comprenez, ironisait-elle), elle entra sur la scène littéraire trente ans auparavant en 1958 avec son Repos du guerrier, roman bestseller qui fit l’effet d’une bombe dans la France engoncée de la fin des années 50, récit au scalpel d’une relation dévastatrice adapté au cinéma en 1962 par Roger Vadim avec Brigitte Bardot et Robert Hossein.
Pour celle qui avait rédigé ses mémoires d’une façon inédite (Ma vie revue et corrigée par l’auteur, 1978), tout en entretenant le mystère sur sa vie, raconter son parcours relève du jeu de pistes, entre révoltes et passion pour l’écriture, intimement liées.
Convaincue de toutes les potentialités qu’offre le monde, elle prend position publiquement, contre la guerre d’Algérie et celle du Vietnam, pour le droit à l’avortement (elle signe le Manisfeste des 343), la libre éducation des enfants, etc. Écologiste de la première heure, elle fait partie des pionnières du MLF au sein du groupe de 9 féministes qui déposèrent le 26 août 1970 une gerbe sous l’Arc de triomphe à la femme du soldat inconnu. Une action spontanée, joyeuse, qui marqua les esprits. La voici radieuse face aux policiers qui avaient du mal à comprendre la banderole « Un homme sur deux est une femme« .
Dans la vie comme en littérature, Christiane Rochefort est une femme engagée, qui n’a pas peur de déranger, pour questionner son époque. Chacun de ses romans, essais, scénarii est l’occasion de faire avancer ses idées et de combattre les abus de pouvoir : patriarcat, aliénation sociale et société de consommation (Les petits enfants du siècle, 1961), institution du mariage (Les stances à Sophie 1963), poids de l’éducation des enfants (Encore heureux qu’on va vers l’été, Les enfants d’abord, 1976), perversion des utopies (Archaos, 1972), colonisation des esprits et des cœurs.