INCENDO
Sur le rapport entre genres & classes. Revue de presse & textes inédits
Iran : Les femmes reprennent espoir

Le nouveau président a promis aux Iraniennes des mesures libérales mettant fin aux discriminations de l’ère Ahmadinejad.

Elu président le 15 juin dernier, Hassan Rohani prend la suite de Mahmoud Ahmadinejad, dont le mandat a été placé sous le signe d’une hostilité manifeste à l’égard de la communauté internationale, d’un mépris affiché pour les droits de l’homme, et en particulier pour les droits des femmes et les libertés fondamentales.
femmes iraniennes

Rohani, qui a pris ses fonctions le 3 août, est considéré comme une personnalité politique plus modérée qui a promis d’apaiser les relations internationales et de mettre fin aux discriminations, notamment celles dont les femmes sont victimes.

L’optimisme est de retour en Iran, mais les Iraniens restent tout de même sur la défensive. Déjà des organisations comme la Campagne internationale pour les droits de l’homme en Iran et Amnesty International ont fait connaître l’ampleur du chantier qui s’annonce pour le président en matière de droits de l’homme.

Chez les féministes, l’heure est à un optimisme prudent. Selon Sussan Tahmasebi, une militante iranienne engagée dans la cause féministe, les femmes attendent deux choses. Premièrement, l’abrogation des politiques visant les discriminations préjudiciables aux femmes mises en place sous le gouvernement d’Ahmadinejad ; deuxièmement, des coups d’accélérateur en matière de droits des femmes, comme une réforme du système judiciaire assurant l’égalité hommes-femmes, notamment en termes d’emploi.

“Les femmes sont allées voter pour les mêmes raisons que les hommes. Elles voulaient donner leur voix à un candidat promettant de faire preuve de modération tant sur le plan local qu’international, de rompre l’isolement diplomatique du pays, d’œuvrer pour la fin des sanctions et de relever l’économie. Les sanctions économiques ont eu un impact très négatif sur la population iranienne, et notamment sur les femmes.

Par ailleurs, lors de la révolution de 1979, une interprétation conservatrice de la charia a été adoptée qui a limité considérablement les droits des femmes. Mais, au cours de ces trente années, les femmes ont beaucoup gagné sur le plan social, à défaut du plan juridique. A l’université, les femmes sont plus nombreuses que les hommes, nous avons des femmes médecins, des juristes et des parlementaires.

Or, sous le mandat d’Ahmadinejad, ces avancées sociales ont subi un coup d’arrêt. L’idéologie en vigueur était que les femmes devaient d’abord être des mères et des épouses. Mais les politiques mises en place ne respectaient même pas le statut de mère et d’épouse, puisque la loi sur le soutien familial a assoupli les restrictions sur la polygamie. D’autres mesures politiques ont suivi, comme l’instauration de quotas limitant l’accès des femmes à l’université, le durcissement des sanctions appliquées aux femmes ne respectant pas le code vestimentaire islamique, la promotion des mariages avec de très jeunes filles, la fin des programmes de planning familial et une répression massive à l’encontre des féministes qui se battent pour plus d’égalité. La régression a été totale.”

Rohani a fait en public de nombreuses promesses aux femmes. Il a proposé de mettre fin à la non-mixité dans les universités instaurée par Ahmadinejad ; il a promis d’ouvrir davantage le marché du travail aux femmes et de s’attaquer aux lois du travail discriminatoires. Il a également évoqué la possibilité d’assouplir les restrictions du code vestimentaire imposé aux femmes, même si, selon Sussan Tahmasebi, il ne faut pas s’attendre à la fin du port obligatoire du voile islamique, “mais plutôt à la disparition progressive de la police des mœurs dans les rues. En réalité, il ne peut pas faire grand-chose dans ce domaine. C’est très idéologique. Mais je pense qu’il va tout de même atténuer certaines restrictions et ne plus faire arrêter les femmes pour tenue provocante.”

Rochelle Jones

 

SOURCE : Courrier international

1 Comment to “Iran : Les femmes reprennent espoir”

  1. X dit :

    Les Iraniens pourraient épouser leur fille adoptive
    Une loi autorisant aux hommes de se marier avec leur fille adoptive a été votée par le Parlement iranien.

    Le nouveau président de la République islamique d’Iran, Hassan Rohani, a beau être plus modéré que ses prédécesseurs, son gouvernement reste visiblement rétrograde. Le 22 septembre, une loi autorisant les hommes à se marier avec leur fille adoptive de plus de 13 ans a été votée par le Parlement. Avant même d’être validée par le Conseil des gardiens de la Constitution (composé de six religieux et de six avocats), qui permet la mise en application des textes, cette nouvelle législation a très vite été contestée par la plupart des défenseurs des droits de l’homme dans le pays.
Ironie de l’histoire, la loi est intégrée à un vaste programme censé « protéger » les enfants. Lorsqu’une fille est adoptée, elle doit en permanence porter le voile devant son père. Si elle se marie avec lui, elle ne sera plus forcée de le faire à la maison. Cette loi permettrait, donc, de résoudre ce « problème » du hijab, selon le gouvernement.

    Une justification déconcertante pour l’avocate Shadi Sadr, militante des droits de l’homme au sein de l’ONG Justice for Iran : « Se marier avec un enfant adopté ne fait pas partie de la culture iranienne. Cette loi légalise la pédophilie. Vous pouvez être pédophile et obtenir une proie en prenant le prétexte d’adopter un enfant. » Une inquiétude justifiée lorsqu’on sait qu’en Iran, les filles peuvent effectivement se marier dès 13 ans si elles ont la permission de leur père. Et même parfois plus jeunes avec le simple accord d‘un juge. Ce moyen est d’ailleurs très souvent utilisé pour contourner la limite d’âge imposée par la loi. Selon le site d’informations conservateur iranien Tabnak, quelque 42 000 enfants iraniens entre 10 et 14 ans sont aujourd’hui mariés. Les opposants à cette loi ont beau se mobiliser via les médias, le combat semble perdu d’avance. Dans le passé déjà, ils avaient tenté de faire passer un texte interdisant le mariage entre parents et enfants adoptifs auprès du gouvernement. Il avait été directement abrogée par le Conseil des gardiens.

    SUR http://madame.lefigaro.fr/societe/iraniens-pourraient-epouser-leur-fille-adoptive-101013-604972