INCENDO
Sur le rapport entre genres & classes. Revue de presse & textes inédits
Japon : la génération No Sex ?
No sex !
Au Japon, 45% des jeunes filles de moins de 25 ans ne sont pas intéressées par le sexe, plus d’un quart des garçons du même âge prône également l’abstinence. La tendance « No Sex » met en danger la démographie vieillissante de l’île. Mais où est donc passée la libido du Pays du Soleil levant ?

La population japonaise est-elle menacée d’extinction ? Certains experts se posent la question, au vu des statistiques alarmantes sur la fécondité et le peu d’appétit sexuel des Japonais. Le Guardian a enquêté sur le célibat chronique des hommes et des femmes en âge de procréer (et de « jouir » de la vie), et met en lumière le phénomène des « No Sex », ou quand l’abstinence devient une mode ou un positionnement statutaire, comme le végétarisme. Déjà identifiée en Europe par l’excellent essai de Peggy Sastre, No Sex, Avoir envie de ne pas faire l’amour (la Musardine), cette tendance réunit de plus en plus d’adeptes au Japon. La preuve en chiffres. Flippant.

Les couches pour incontinence plus vendues que les couches pour bébés

2012 a été une année record à plusieurs titres : le plus petit nombre de naissances jamais enregistré, soit autour d’un million (1,41 enfant par femme), pour 1 200 000 décès. Plus que jamais la population décroît, et vieillit. De fait, les ventes de couches pour incontinence ont dépassé celles des couches pour bébés.

L’effet « Tanguy » prend toute sa dimension au Japon : sur les 13 millions de personnes non mariées qui vivent encore avec leurs parents, près de 3 millions ont plus de 35 ans.

La conciliation vie professionnelle et vie privée semble impossible alors que les femmes se montrent de plus en plus indépendantes et ambitieuses. Les mentalités culpabilisent encore fortement les femmes qui ne restent pas chez elles pour s’occuper de leurs enfants, si bien que 70% des Japonaises quittent leur job après la naissance de leur premier enfant.

Le mariage, de moins en moins attirant, est considéré comme une étape légale avant d’avoir des enfants : 90% des jeunes femmes pensent que rester seules est préférable selon des chiffres du Japan’s Institute of Population ans Social Security.

 

D’après une étude de 2011, chez les 18-34 ans non-mariés, 61% des hommes et 49% des femmes n’ont aucune relation amoureuse, soit une augmentation de 10% par rapport à 2005.

Un tiers des moins de 30 ans n’a jamais connu de rendez-vous amoureux ni d’aventure.

Parmi les 16-24 ans, 45% des femmes et plus d’un quart des hommes ne sont pas intéressés par le sexe, selon le Planning Familial japonais.

La population japonaise pourrait être réduite d’un tiers d’ici à 2060.

Un faisceau complexe de causes, entre culture, économie, actualité et politique, expliquent cette désaffection des Japonais pour les relations intimes. La reporter Abigail Haworth fait ainsi le portrait d’une génération broyée par le système, désenchantée par l’accident nucléaire de Fukushima, qui ne trouve plus ses repères dans la famille traditionnelle et le mariage.

 

SOURCE : http://www.terrafemina.com

2 Comments to “Japon : la génération No Sex ?”

  1. adé dit :

    Des industriels-scientifiques travaillent là-bas à une réponse adéquate à ce phénomène inquiétant : des robots anthropomorphes, service sexuel garanti…Bon pour l’augmentation de la population – force productive, c’est pas vraiment ça…
    Le Japon est vraiment en avance dans ce domaine, pourtant les Allemand-e-s ne font pas mal non plus dans le déclin démographique, en tout cas, les Russes également, il me semble.
    Et l’Espagne alors? Avec l’interdiction de l’avortement, sauf pour des cas où la femme est en danger, le ministre opus déiste a déclaré que cela allait être positif pour la croissance, on ne peut pas être plus clair.
    En France rance, les défilés des réactionnaires famillistes se succèdent…
    Famille, Identité, Nation…
    Tiens les limites dans nos gueules.
    Salutate

  2. Anonyme dit :

    « Le ‘syndrome du célibat’: comment la jeunesse d’une société a-t-elle perdu tout intérêt pour le sexe »

    Les médias japonais appellent ce phénomène « sekkusu shinai shokogun », c’est-à-dire le « syndrome du célibat » : les jeunes Japonais de moins de 40 ans se désintéressent de plus en plus du sexe, ou même d’avoir une relation amoureuse. Des millions ne cherchent même plus à rencontrer un partenaire potentiel. Pour le gouvernement, ce phénomène se conjugue fatalement avec le vieillissement pour provoquer une catastrophe démographique, explique Abigail Haworth dans The Guardian.

    Une étude réalisée en 2011 a montré que 61% des hommes non mariés et 49% des femmes âgées d’entre 18 et 34 ans n’étaient pas engagés dans une relation amoureuse, en hausse de 10% par rapport à l’année dernière. Une autre étude indique qu’un tiers des jeunes de moins de trente ans n’ont jamais eu de rendez-vous amoureux. Plus frappant, une étude conduite cette année par l’Association Japonaise de Planning Familial indique que 45% des femmes âgées d’entre 16 et 24 ans « n’étaient pas intéressées ou méprisaient le contact sexuel », et que pour les hommes, ce pourcentage était d’un peu plus de 25%.

    Beaucoup de Japonais se tournent vers des gratifications immédiates, des relations sans lendemain, le porno en ligne, des dessins animés, et même des petites amies virtuelles. Ils peuvent aussi remplacer le sexe par des loisirs citadins.

    Certains jeunes hommes sont devenus ce que la société appelle des « hikikomori », des garçons en retrait de la vie sociale ou des « soshoku danshi », ‘hommes herbivores’, des jeunes hommes végétariens, désintéressés par le sexe et la compétition qu’elle soit physique, ou sur le lieu de travail. On estime que près de 3 millions des 13 millions d’adultes célibataires qui vivent chez leurs parents sont âgés de plus de 35 ans.

    Le Japon est en période de transition après 20 ans de stagnation économique, et ce n’est pas le patriotisme qui peut pousser les jeunes dans la chambre à coucher. Les effets psychologiques du tremblement de terre de 2011, du tsunami et de la catastrophe nucléaire qu’il a provoqués ont affecté l’âme japonaise. « Les hommes et les femmes me disent qu’ils ne voient pas l’intérêt de l’amour. Ils ne croient pas que cela mène nulle part. Les relations sont devenues difficiles », explique l’ex-dominatrice et sexologue japonaise Ai Aoyama.

    Le mariage est une source de dilemmes au Japon : les hommes japonais ne veulent plus travailler autant qu’ils le faisaient par le passé, et ce phénomène, conjugué avec la crise, a conduit à une baisse de leurs revenus. D’un autre côté, les femmes japonaises sont devenues plus indépendantes et ambitieuses. Cependant, le monde des affaires n’a pas évolué aussi rapidement et il est presque impossible pour les femmes d’associer une carrière professionnelle à une vie de famille. En outre, les enfants sont inabordables, à moins que les deux membres du couple ne travaillent. La société et l’administration condamnent toujours le concubinage, et les enfants hors mariage. Du coup, la décision de rester célibataire est légitimée, en particulier pour les femmes.

    Près de 70% des Japonaises démissionnent après la naissance de leur premier enfant. Le Forum Economique Mondial classe régulièrement le Japon comme l’une des pires nations en matière d’égalité des sexes au travail. Le gouvernement de Shinzo Abe vient de présenter de nouvelles mesures pour améliorer la participation économique des femmes, mais elles ne seront pas suffisantes pour aider les femmes à changer d’avis.

    La tradition n’arrange rien. Le modèle du « salaryman », de l’homme japonais travaillant 20 heures par jour, totalement coupé de sa femme restée à la maison, a suscité le développement d’un environnement idéal pour la vie en solo. Les villes japonaises regorgent de commodités, tels que les hôtels capsule, les konbinis, ces commerces ouverts en continu qui proposent des repas préparés individuels et des sous-vêtements jetables, qui facilitent la vie des hommes seuls.

    Selon le démographe Nicholas Eberstadt il n’est pas certain que ce syndrome du célibat demeure l’apanage du Japon. Il pense que les Japonais pourraient être un «peuple de pionniers» qui pourrait préfigurer ce que d’autres pays pourraient connaître à l’avenir.

    Sur

    http://www.express.be/joker/fr/platdujour/le-syndrome-du-celibat-comment-la-jeunesse-dune-societ-a-t-elle-perdu-tout-intret-pour-le-sexe/197532.htm